Skybourne . T.1 - La chronique BD

Comic assez brutal, gonflé à la testostérone façon âge d’or du genre, Skybourne possède un aspect primaire qui peut décourager, ou simplement amuser le lecteur. Il est préférable de choisir la seconde option, et donc le second degré, pour apprécier cette histoire. En effet, les gros muscles peuvent s’avérer être un fardeau métaphysique, et poitrines opulentes peuvent être tournées en dérision par celle-même affichée en couverture. Ce n’est certes pas l’humour fin, mais ça reste de l’autodérision, aux traits forcés mais assumée. Dans la même veine, les puissants minotaures ne craignent pas les coups de poing rageurs, mais leurs têtes se laissent exploser par les lance-roquettes, et comment ne pas mentionner cette scène totalement incongrue, où le dessinateur choisit de s’autocensurer alors qu’il dessine un centaure chevauchant une licorne. Vous l’aurez compris, sous son apparence bourrue, bourrin et attendue, se cache un comic un poil décalé, qui a choisi de se faire plaisir. Les têtes arrachées et les sorts délirants montrent bien que les auteurs ont opté pour un récit qui se voudrait sérieux, mais s’en arrache à certains moments pour ne pas tomber dans la caricature de lui-même. Une corde raide, que les prochains tomes devraient arpenter en funambule qui n’a pas droit à l’erreur.

© Delcourt

Les graphismes de Franck Cho rappellent son passé dans les grands titres DC et Marvel, avec des traits propres et des musculatures exaltées, mais finalement, seuls les héros abordent cet aspect presque comique. Le reste des personnages se contente d’être des mortels communs, tandis que les décors, lieux n’ont malheureusement rien de hors du commun, d’original ou de magnifique. Non, le talent s’exprime dans la débauche d’action, comme un Tarantino qui s’exprimerait de manière transcendantale par le sang et la tripe jaillissant. Les scènes se voulant sérieuses, rappelant un passé douloureux ou un avenir incertain, n’ont pas cette substance, ou pas assez pour être efficaces.

© Delcourt

Pouvoirs et vengeances, monstres et portes démoniaques, Skybourne fait dans le déjà-vu, sans apporter de vraie originalité. De fait, sa qualité proviendrait plutôt d’une propension à vouloir trop en faire et de se moquer de lui-même, une ligne que l’on espère volontaire.