Rétro box-office : semaine du 28 janvier 1987, Avoriaz et le désastre de Johnny Hallyday

Retour sur les chiffres parisiens d’une semaine marquée par le flop de Terminus avec Johnny Hallyday et la sortie du dernier Max Pécas...

Il est toujours précieux de se replonger dans les chiffres du passé pour y tirer un certain enseignement. Alors qu’en 2014 Gérardmer ne peut plus compter sur la présence du cinéma de genre dans les salles, fin janvier 1987, le festival d’Avoriaz avait encore sa légitimité. La Mouche en 2e semaine attirait encore 105.000 parisiens, rétrogradant en 2e place en raison de la sortie du dernier Gérard Oury Levy et Goliath, considéré comme un semi-échec à la place de la part du réalisateur de Rabbi Jacob et La Grande Vadrouille. Le Grand Prix du festival était prestigieux, Blue Velvet de David Lynch, il se maintenait sur Paris en 2e semaine avec 46.000 entrées supplémentaires et 100.000 en 15 jours. Johnny Hallyday en revanche, ne ressortait pas grandi de son incursion dans la science-fiction à la Mad Max avec le flop historique de Terminus. A l’époque, le navet de Pierre-William Glenn (Les Enragés), avec Jürgen Prochnow (The Keep) et Nancy Allen (Les aventuriers de l’arche perdue) pour une meilleure exploitation à l’étranger, était raillé par les critiques et sombrait en 5e place du box-office. Ce blockbuster catastrophique était pourtant surmédiatisé avec un éventail de salles impressionnant. Rien n’a pu le racheter !

Quelques nouveautés, la semaine du 28 janvier, subissaient un échec patent : Miss Mona avec Jean Carmet travesti ne permettait pas à Mehdi Charef de retrouver le succès du Thé au Harem d’Archimède. Max Pécas sortait son ultime long, On se calme et on boit frais à Saint Tropez. Une comédie franchouillarde d’un autre âge avec Luc Hamet, vendue par une affiche de Melki... Avec 10.847 entrées sur Paris et une 13e place catastrophique, cette sortie caractérisait bien une époque de crise profonde pour l’exploitation française, alors que les salles fermaient les unes après les autres. D’ailleurs, pensée émue pour les cochons de l’époque qui n’avaient pas encore internet et qui n’étaient pas encore équipés d’un magnétoscope. Ils devaient aller voir Infirmières très spéciales (15e, 10.228 tickets vendus en 1ere semaine),

Emmanuelle 5 (16e, 8.439, 4e semaine) et Petits trous à élargir (17e, 7.626, première semaine) directement en salle, en espérant ne pas croiser leur voisine de palier en entrant dans les cinémas notoires qui les programmaient.
Quelques grands cinéastes se démarquaient tout de même au milieu de ces productions : Jean-Jacques Annaud dépassait le million sur Paris avec Le Nom de la rose en 7e semaine, Coppola classait difficilement Peggy Sue s’est mariée (130.000 entrées en 4e semaine), Nanni Moretti, après Bianca, s’imposait discrètement avec La Messe est finie (46.000 entrées en 3 semaines et un beau maintien). Carax était toujours classé après 10 semaines avec Mauvais sang (Binoche attirait 152.000 curieux au total), Jarmusch connaissait un gros succès sur la durée avec Down by law (238.000 entrées en 12 semaines) et Spike Lee imposait sans mal Nola Darling grâce à un bouche à oreille favorable (41.000 entrées en 4 semaines).