Le 25 janvier 2016
- Festival : Quai des Bulles 2015
- Date de sortie : 1er octobre 2015
A Quai des Bulles, on était là pour rigoler, comme le disait l’affiche. Mais pas que... En effet, le festival vous proposait cette année un petit panel d’activités hétéroclites. Hétéroclites ? Non, car toutes reliées par le neuvième art.
Un bon exemple du grand écart que vous offrait Quai des Bulles se trouvait dans le choix des nombreuses expositions du festival et dans les points qui les relient et les opposent.
Mais par où commencer ? Le temps gris mais doux du vendredi n’incitait pas à se réfugier à l’intérieur du Palais du Grand Large, où était regroupé une grande partie des expos. Et bien, voir « Le petit bleu de la côte Ouest » côtoyer Dickie ou encore Lu Ming voisiner avec Nicoby, c’était tentant. Alors nous avons cédé à la tentation.
Une reproduction grand format, une bulle et on sait où on entre !
Manchette et Tardi étaient à l’honneur avec une exposition axé sur « Le Petit Bleu de la Côte Ouest », roman de Manchette mis en image par Tardi. La salle présentaient deux panneaux récapitulant le travail de Tardi et Manchette.
Bon, la lumière gêne un peu pour lire.
Et toute les planches de la BD étaient exposées en petit cadre sur les quatre murs de la salle. Vous pouviez donc la lire au choix en longeant les cloisons ou bien en feuilletant les albums mis à disposition.
Ambiance sombre pour lire un polar... sur les murs.
C’est très intéressant de voir les planches de Tardi de près. D’un autre côté, une expo qui consiste à vous présenter une par un dans l’ordre toutes les pages d’une BD... Et bien... Comment vous dire... C’est un peu plat, non ? Un écran présentait les dessins en pleine création, mais en regardant bien, vous réalisiez qu’il s’agissait de montage et non de Tardi qui dessine sous vos yeux. Du coup, ça manquait un peu de charme. Voilà, c’est exactement ça : ça manquait de charme, de rêve. Et c’est bien dommage, car Tardi et Manchette, il y avait amplement de quoi nous charmer et même nous faire rêver...
C’est donc un brin désappointé que nous avons quitté la salle consacré à Tardi et Manchette pour découvrir le petit Dickie ! Mais ce personnage muet créé par Pieter de Poortere vous sera présenté dans un autre billet,accessible immédiatement ici, tant ça valait la peine de s’y attarder.
Voilà de quoi vous appâter...
Regonflé à bloc après cette découverte de l’univers cynique et drôle de Dickie et Vickie, nous sommes montés à l’assaut de l’exposition consacré à Nicoby et sobrement intitulé « Voyageur malgré lui » - attention, l’expo ne concernait pas toute l’œuvre de Nicoby mais ses récits de voyage ou ceux tirés de son quotidien - ! Rendons tout d’abord hommage à la scénographie de l’exposition, maquette à échelle 1:1 de la cuisine ou du salon de Nicoby – enfin, tel que l’expo se l’imagine – des reconstitutions débordantes d’humour mettant encore plus en valeur les extraits des BD de l’auteur.
Bienvenue dans la cuisine de Nicoby ! Original, non ?
Notons que dans le fourmillement d’œuvre dessinées par l’auteur, ce sont des planches éparses issues des différents opus dont « Nu » ( 6 pieds sous terre, 2012), « A Ouessant dans les Choux » (6 Pieds sous terre, 2010), « Poète à Djibouti » (Vide-cocagne, 2014), ou encore « Manuel de la Jungle » (avec Joub et Copin, chez Dupuis, 2015).
Planches en pagaille !
En plus des planches, l’expo comportait aussi des dessins hommages d’autres dessinateurs, un espace canapé pour regarder un documentaire regroupant des interviews des collaborateurs de Nicoby, et les BD dont étaient tirées les pages affichées ainsi que des photos de voyage de Nicoby !
Tout cela pour finir dans le salon de Nicoby, à l’affût des techniques secrètes de préparation de ses planches !
Une exposition bien fournie et magnifiquement mise en scène. Que l’on accroche ou pas à l’humour de l’auteur, cette exposition était à ne pas rater si vous étiez à Saint-Malo.
Positionnée tout autour de l’espace Nicoby, une autre exposition très dense : « 40 ans de rigolade et toutes ces sortes de chose », à savoir, l’expo Fluide Glacial ! Elle regroupait un nombre indénombrable d’artistes, des extraits de planches partout autour de vous, de l’humour à la pelle, voire à la truelle et une scénographie à l’image de l’expo Nicoby : des reconstitutions de bar et de bureaux, sans oublier un animateur un peu fou qui arpentait l’expo vêtu de rouge et vert équipé d’un micro et qui appelait au désordre, faisant circuler le sain mot d’ordre de Fluide : Déconne et Humour à fond les ballons !
Un petit verre entre deux pages ?
Et dans le lot des planches originales, crayonnés, après encrage, avant lettrage, bref, à toutes les étapes de création.
Des planches...
des planches et...
des couvertures !
Une expo incroyable, qui se finissait par une immense fresque présentant l’histoire du magazine !
Mais peut-être ne savez-vous pas que Fluide Glacial est un magazine, et peut-être même que vous ne connaissez pas tous les auteurs passés chez Fluide ? Les noms de Tronchet, Lelong, Maërster, Gimenez, Lénadri, Libon et tant d’autres ne vous évoquent rien, ou si peu. Et bien, submergés par la présentation de planches, vous n’en saviez pas plus en sortant. En effet, à part la fresque et un carton d’introduction, il n’y avait rien, aucune indication, à part le nom de l’auteur et de l’extrait sous les planches présentées. Et c’était là le point faible de cette belle et dense expo, elle ne vous permettait pas de vous y retrouver parmi tous ces auteurs talentueux et pas forcément tous connus du grand public. Petite déception...
Un aperçu de la fresque historique.
Mais nous ne pouvions pas oublier de vous parler de l’hommage à Coyote, avec cette belle photo, mais surtout un magnifique texte de ce dessinateur trop tôt parti écrit pour le festival, et que nous pouvions redécouvrir avec émotion.
Coyote, bien présent parmi nous. Merci Quai des bulles !
L’expo sur la Chine était magnifique, mais nous y reviendrons aussi dans un autre article, que vous pourrez parcourir ici, car elle était liée à une conférence fort instructive sur la BD Chinoise. Enfin, l’autre BD chinoise !
La magie commençait ici...
Dans le Palais du Grand Large, vous pouviez voir encore une exposition sur les tirailleurs sénégalais, une présentation des dessinateurs du concours jeunes talents et même un collecteur temporel !
Puisqu’on vous le dit, qu’il y avait un collecteur !
A la médiathèque – située à une bonne trotte du Palais, malgré l’indication du plan qui l’indiquait assez proche -, une belle expo réussie pour les enfants sur Anuki, qui sera elle aussi évoquée dans une autre chronique...
Un morceau de l’expo Anuki, à hauteur d’enfant !
... Et une exposition sur les jeux de société tirés de BD. Curieux de découvrir des jeux de carte, de plateau, issus des Peanuts, de Tintin, de Blake & Mortimer voire même de Corto Maltese !
Des cartons d’explication pour mieux comprendre.
Et des spécimens des jeux évoqués dans les cartons précédents :
La Tea’s party de Lucy,
Game Over, le jeu issu du spin off de Kid Paddle,
Le maître du rayon, le jeu issu de l’aventure « SOS Météores » de Blake et Mortimer,
Et l’incontournable Corto Maltese !
Et pendant ce temps, en ville, au travers des cafés au noms enchanteurs, tels le Chat Bada, Le Lion d’or ou encore le Riff magnétique – soit neuf lieux au total hors palais - des petites expos dont, celle que nous avons vu nous semblait un peu légère pour être qualifiée d’expo sans oublier la création d’immense fresque murale au hasard de la ville. Ces immenses grafs étaient réalisés dans le cadre de la Biennale d’art urbain, Teenage Kicks, mais nous semblaient avoir un lien fort avec le neuvième art. D’ailleurs, le programme du festival les incluait dans les animations.
Impressionnant, non ?
Et un dernier regard sur une belle idée, l’expo consacrée au Moby Dick de Chabouté.
Avec une telle entrée en matière, qu’allions-nous découvrir ?
Des reproductions géantes de planches extraites de la BD, un graphisme magnifique à tomber par terre ! Si vous ne connaissez pas Chabouté, juste voir ces grands panneaux ne vous donnaient qu’une chose, foncer acheter la BD et la lire – voire la dévorer -, la bave aux lèvres. Il y avait juste un léger problème de scénographie. En fait, le problème était qu’il n’y avait aucune scénographie. Ces panneaux simplement posés, voire juste appuyés contre la tente de la billetterie, en plein air, nous ont fait froid dans le dos ! Elles ont dû aimer la pluie, ces reproductions.
Une expo de plein air ?
Certains panneaux ne nous semblaient même pas droit. « Non, mais vous comprenez, c’est pour donner l’impression de l’horizon qui tangue, c’est Moby Dick la BD quand même, c’est original, voyez... » C’est cela, oui... Même pas une flèche pour vous indiquer que « l’expo » continuait de l’autre côté de la tente !
De l’autre côté de la tente. Oui, quelle scénographie...
Une très très grosse déception pour nous, simples visiteurs. Nous nous demandons vraiment ce qu’en a pensé l’auteur.
Et pourtant, vu de près, c’était beau...
Mais vu de loin...
Nous sommes assez triste de finir sur cette grosse note négative mais c’est ce qui nous a le plus choqué. Nous n’oublions pas pour autant les véritables expositions follement réussies qui nous ont apporté tant d’émotions.
Mais c’est aussi cela un festival, une suite d’énormes claques, dans les différents sens du terme !
Galerie Photos
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