Les entretiens aVoir-aLire
Le 3 mars 2006
Sortie d’un DVD live, nomination aux Victoires de la musique : que pense Nosfell de cette actualité brûlante ?
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Dans les bureaux de V2, Nosfell est face à un écran d’ordinateur accompagné de son incontournable violoncelliste Pierre Le Bourgeois. Tous deux sont occupés à répondre à une interview par mail. Depuis quatre heures de l’après-midi, les entretiens se succèdent avec les journalistes. L’actualité autour de Nosfell a pris un caractère brûlant depuis qu’il est en lice aux Victoires de la musique 2006 et la sortie du DVD live. Trois heures plus tard, les deux compères ne marquent aucune lassitude et acceptent avec gentillesse et disponibilité de répondre aux questions d’aVoir-aLire.
Vos concerts ont lieu dans des salles de plus en plus grandes, la signature de l’album sur le label V2, et la nomination aux Victoires de la musique, comment vivez-vous cet intérêt tous azimuts ?
Nosfell : L’album est toujours autoproduit, il est simplement en licence chez V2 pour tout ce qui relève de la distribution, de la promotion et du pressage. (interrogeant Pierre Le Bourgeois) On joue dans des salles plus grandes ?
Pierre Le Bourgeois : Oui quand même. La nomination nous a fait plaisir même si notre classement en world musique est un peu surprenant. Mais quand on connaît la multitude de groupes qui composent la scène française, le fait d’être sélectionnés impressionne. Le succès nous demande peut-être une plus grande exigence et de rester à la hauteur des attentes. Jusque-là, la seule chose que nous avons cherché à faire, c’est jouer et chercher un vrai contact avec le public.
N : Je suis plus impressionné par la foule qui assiste à nos concerts que par cette nomination dont on a été informés par un coup de fil, de façon un peu froide, impersonnelle. Nous sommes plus sensibles aux contacts humains. Les Victoires... pour l’instant, ça m’intrigue, je crois.
L’entité Nosfell est en elle-même une création artistique. Dans une interview, tu as déclaré : "Mon personnage peut s’arrêter du jour au lendemain." Le succès te laisse -t-il la même liberté sur lui ?
N : Oui. C’est toujours facile à dire mais la reconnaissance ne doit rien entraver. Nous travaillons actuellement sur le deuxième album et nous nous sentons encore plus libres qu’avant, avec la volonté d’essayer de nouvelles expériences. Mon personnage a encore sa place, et des choses à raconter. Et pour moi, socialement, ça me permet de briser des chaînes, de m’extraire du moule et de trouver un équilibre.
Entre vous deux, comment s’organise la collaboration ?
P : Ça évolue beaucoup. Sur scène, nous sommes partis des morceaux que Nosfell avait écrits et arrangés sur Pomaïe Klokochazia balek et nous avons travaillé ensemble pour les adapter à la scène. Nous avons dorénavant un passif de trois ans de tournée. Pour le prochain album, les compositions et le choix des arrangements seront plus collégiaux.
Avez-vous de nouveaux projets de collaboration musicale ?
P : On est partis pour être deux. Au départ, nous avions pensé nous adjoindre une troisième personne mais, finalement, nous avons eu envie de continuer en duo. Il existe une vraie complicité entre nous qui rend la création plus facile. Peut-être qu’à la fin de l’enregistrement nous ferons venir un artiste pour les instruments à vents.
N : On sait taper les peaux ou le bois, gratter les cordes, mais aucun de nous deux ne sait souffler dans un instrument.
P : Et puis nous sommes déjà trois. Edouard Bonan, l’ingénieur du son, fait partie intégrante de l’aventure.
N : On ne se déplace jamais sans Edouard.
La voix de Nosfell se prêterait bien aux sonorités électroniques (aperçues dans le titre Servant to the ground de l’album), est-ce une piste qui vous intéresse ?
P : La seule touche électronique vient des samples d’instruments acoustiques en concert. On préfère les effets analogiques.
N : On ne fait pas de samples en studio. On a une attitude électronique, quand on joue sur la répétition et les boucles, proche des courants minimalistes américains des années 60, ou de Pascal Comelade en France.
A l’instar d’un groupe comme Bauchklang, que pensez-vous d’un album exclusivement vocal ?
N : J’y ai pensé mais j’aime trop la guitare et le violoncelle. C’est sûr que dans le domaine vocal, j’ai des envies, certaines sont enregistrées sur des démos. Mais je ne veux pas que ma voix devienne un clone de sons électroniques, elle doit garder une notion de fragilité. Le travail sur la voix m’intéresse, j’ai écouté beaucoup de hip-hop et je me sens beaucoup d’affinités avec un artiste comme Mike Patton, l’ex-chanteur de Faith no more, un vocaliste à la voix libre et qui s’amuse à rendre des sons gastriques harmonieux.
P : Il y a aussi Bobby MacFerrine ou Phil Minton qui nous inspirent. Ce dernier a fait des recherches sur la voix en essayant de nouer des liens entre le jazz et la musique contemporaine.
Vos performances scéniques dégagent une étrangeté singulière alors que sur l’album vous avez semblé privilégier la sérénité avec un son très folk, est-ce pour mieux marquer la frontière entre scène et studio ?
N : Oui. Et d’autre part, il ne faut pas oublier que nos compositions sont des chansons, avec une mélodie, et que le travail d’enregistrement consiste à retranscrire cette mélodie. Sur scène, toutes les libertés sont permises, les morceaux peuvent différer dans leur longueur ou leur interprétation en fonction de multiples paramètres : le choix des titres, notre état d’esprit ou l’accueil du public. Les concerts sont très importants pour nous.
P : Oui, c’est ce que l’on préfère. Le live permet la folie, l’enregistrement est plus figé dans l’interprétation. La liberté se manifestera dans les arrangements lors de la production.
Quels sont vos projets chez V2 ?
N : Nous sommes sur le deuxième album qui devrait sortir à l’automne prochain, toujours autoproduit et sous licence. On délègue peu tout ce qui est du domaine artistique, on préfère s’occuper de tout, de l’enregistrement à la conception de la pochette. Sur une trentaine de morceaux, nous en avons retenu quinze que nous devons maintenant affiner. Nous partons un mois à Mexico. On nous prête une maison dans laquelle nous effectuerons les prises de son, aussi bien dans la cuisine que la salle de bain... On aime s’approprier les lieux et avoir le temps d’écrire, d’arranger et d’expérimenter divers effets stéréophoniques sans contrainte.
P : Nous n’aimons pas trop les studios. Leurs horaires sont bien souvent fixes et dans le cas contraire, on ne veut pas obliger un technicien à rester toute la nuit avec nous alors qu’il a sa vie à côté.
Nous leur souhaitons donc bonne route et attendons avec impatience un retour qui s’annonce prolifique.
Propos recueillis à Paris le 22 février 2006
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