Le 8 octobre 2018
- Scénariste : Art Jeeno
- Dessinateur : Art Jeeno
- Editeur : Éditions çà et là
- Festival : Formula Bula 2018
Premier auteur de bande dessinée thaïlandais traduit en langue française, Art Jeeno était au festival francilien Formula Bula, où une exposition lui était consacrée à la médiathèque Françoise Sagan (Paris 10e).
Rencontre avec l’auteur thaïlandais Art Jeeno, publié en France par les éditions çà et là
Résumé : Premier auteur de bande dessinée thaïlandais traduit en langue française,{{ Art Jeeno}} était au festival francilien {{[Formula Bula}->https://www.avoir-alire.com/formula-bula-6-promenade-dans-l-enfance]}, où une exposition lui était consacrée à la médiathèque Françoise Sagan (Paris 10e). Deux titres de ce jeune auteur de 31 ans sont actuellement disponibles en France : {Now}, un récit muet en forme d’exercice de style qui n’hésite pas à jouer avec les codes de la bande dessinée, et le premier tome du triptyque {Juice}, qui raconte la vie de lycéens thaïlandais, où le rock fait figure d’échappatoire face à l’ennui. C’est par l’intermédiaire de son blog qu’Art Jeeno s’est fait connaître en Thaïlande. Il est aujourd’hui encore très présent sur son blog et les réseaux sociaux. Il a entretemps publié une dizaine d’albums en Thaïlande.
En voyant ses planches originales réalisées à l’aquarelle, le visiteur a pu comprendre ce qui a attiré l’éditeur de çà et là Serge Ewenczyk à importer ses œuvres dans l’Hexagone. Deux titres de ce jeune auteur de 31 ans sont actuellement disponibles en France : Now, un récit muet en forme d’exercice de style qui n’hésite pas à jouer avec les codes de la bande dessinée, et le premier tome du triptyque Juice, qui raconte la vie de lycéens thaïlandais, où le rock fait figure d’échappatoire face à l’ennui.
C’est par l’intermédiaire de son blog qu’Art Jeeno s’est fait connaître en Thaïlande. Il est aujourd’hui encore très présent sur son blog et les réseaux sociaux. Il a entretemps publié une dizaine d’albums en Thaïlande.
Couverture de Juice - ©Art Jeeno / ça et là
Pourquoi avoir choisi l’aquarelle pour réaliser la série Juice ?
J’apprécie beaucoup le rendu de l’aquarelle. Je fait également de la peinture à l’huile, aussi j’adapte ce travail à la bande dessinée. D’ailleurs, j’ai remarqué qu’en France, beaucoup de dessinateurs utilisent l’aquarelle.
As-tu pensé au noir au blanc pour raconter tes histoires ?
Oui. Je pense d’ailleurs que ma prochaine bande dessinée sera en noir et blanc, car c’est plus rapide à dessiner. Je mets un an à réaliser un tome de Juice : si je passe au noir et blanc, je pense pouvoir pouvoir réaliser une bande dessinée en 6 mois environ.
Est-ce que la vie des lycéens que tu racontes dans Juice est fondée sur tes propres souvenirs ?
Oui, Juice s’inspire beaucoup de ma vie au lycée et de celle de mes amis. Je raconte plusieurs épisodes qui sont vraiment arrivés à moi ou bien à mes amis. Je suis assez proche du personnage de Mon, tandis que Tim s’inspire beaucoup d’un des amis que j’ai rencontré au lycée. [Il montre une page du livre] Par exemple, le moment où Tim s’incruste sur scène pour jouer un morceau des Ramones est vraiment arrivé !
Dans Juice, tu dessines des lycéens qui s’ennuient et sont obsédés par les filles. C’est représentatif de la jeunesse thaïlandaise ?
Peut-être. Je crois qu’en Asie en général, les hommes jeunes sont assez obsédé par les filles. Nous, les garçons, on ne sait pas vraiment comment les aborder. C’est ce que je retranscris dans Juice. Et quand j’étais au lycée, je m’ennuyais...
Planche du premier tome de Juice, où Tim chante à l’improviste une chanson des Ramones à la fête de son lycée - ©Art Jeeno / ça et là
Juice est rempli de références musicales avec les Ramones, Nirvana, Pink Floyd, Oasis. Quel rôle joue la musique pour toi ?
J’ai joué dans un groupe de musique, avec notamment l’ami dont je m’inspire pour Tim. Quand j’étais adolescent, j’écoutais de la musique thaï, et puis un jour, j’ai découvert le groupe Nirvana sur Internet. Tout a changé pour moi depuis depuis : je me suis mis à écouter du punk, du Led Zeppelin, du Pink Floyd…
Dans Juice, c’est aussi la musique qui permet à Mon de se faire des amis et de s’évader…
Mon écoute du rock, mais il n’a personne à qui en parler. Quand il voit Tim sur scène jouer un morceau des Ramones, c’est un déclic, car il a enfin trouvé quelqu’un qui apprécie la même musique que lui ! C’est ce qui m’est arrivé également.
Quand j’ai lu Juice, j’ai rapidement pensé au manga Beck de Sakuishi. Est-ce que tu connais, et est-ce que cela t’a inspiré ? [NDLR : Beck est un manga paru entre 1999 et 2008 au Japon qui s’articule autour de la formation d’un groupe de rock par des adolescents]
Oui, je connais bien Beck ! J’ai lu les mangas, j’ai regardé l’animé et vu le film. Mais je ne pense pas que cela m’ait inspiré.
Couverture de Now - ©Art Jeeno / ça et là
Avant Juice, le premier de tes livres paru en France est Now, une histoire muette sans décors où une jeune femme fait face à une porte close. Est-ce que tu peux nous expliquer ce projet ?
J’ai réalisé Now pour une exposition. Je l’ai dessiné en 100 jours, et c’était un exercice pour moi. Avant Now, j’avais l’habitude de faire beaucoup de traits pour dessiner, et je ne savais pas représenter correctement les femmes. Now m’a aussi permis de m’entraîner : depuis, j’arrive à bien dessiner les femmes !
Now est une bande dessinée minimaliste et assez poétique...
Peut-être, je ne sais pas. Je pense qu’à chaque lecture de Now, on peut voir quelque chose de différent.
Planche de Now. Une jeune femme est confrontée à une porte fermée, dans une bande dessinée qui ne comporte pratiquement aucune notion d’espace - ©Art Jeeno / ça et là
Pourquoi avoir choisi la bande dessinée pour raconter des histoires ?
J’ai commencé la bande dessinée une fois que mon groupe de rock s’est séparé. C’est une époque où je ne savais pas trop quoi faire de ma vie… Comme j’aimais beaucoup lire des mangas, j’ai essayé le dessin. Après, j’aime aussi énormément le cinéma, mais si je devais faire des films pour raconter des histoires, je devrais reprendre des études, et ce serait beaucoup plus long… Le cinéma d’animation prend aussi beaucoup de temps, et je préfère travailler seul.
Quels sont les mangas que tu lisais, et les auteurs japonais que tu préfères ?
J’adorais Slam Dunk [NDLR : célèbre manga de basketball de Takehiko Inoue] quand j’étais au lycée. Je lisais ce manga vraiment tous les jours. Aujourd’hui, j’aime beaucoup Naoki Urasawa – notamment Monster, 20th Century Boys -, Taiyo Matsumoto et Inio Asano. Par contre, Asano est totalement inconnu en Thaïlande, il n’a jamais été traduit.
Tu lis ces mangas en japonais ?
En fait, je lis surtout en anglais, mais j’apprends le Japonais en ce moment pour lire des mangas, et parce que j’aimerais bien y travailler si j’en ai l’opportunité.
Tu as commencé en postant tes histoires sur Internet. Quel rôle a joué le Web dans ta carrière ?
J’ai commencé la bande dessinée en créant un blog. Six mois plus tard, l’éditeur Salmon m’a contacté pour publier en livre les histoires que je faisais sur mon blog. Tout a commencé comme ça.
Est-ce que tu lis beaucoup de bande dessinée en ligne ?
Je vais souvent sur des blogs de dessinateurs, qui ne sont généralement pas publiés.
Est-ce qu’il y a beaucoup d’auteurs de bande dessinée en Thaïlande ? Tu peux nous en présenter un ?
Non, la Thaïlande est un petit marché. Je crois qu’il y a moins d’une centaine de dessinateurs, dans un pays de près de 70 millions d’habitants. En Thaïlande, tout le monde lit des mangas, il y a donc très peu de dessinateurs locaux. Parmi les auteurs thaïlandais que j’apprécie, il y a Saart qui dessine sur la politique thaïlandaise, ses histoires sont à la fois drôles et profondes.
Est-ce qu’il y a des magazines de bande dessinée ou des fanzines en Thaïlande ?
Nous avions des magazines, mais je crois qu’ils ont disparu, car personne ne les lisait. Il y a quelques petits festivals de bande dessinée en Thaïlande où les gens vendent leurs dessins, mais je n’y vais jamais. Je n’ai jamais imprimé moi-même mes bandes dessinées.
Une dernière question pour conclure : quels sont tes prochains projets ?
Je suis en train de réaliser le troisième tome de Juice en ce moment. Il paraîtra en Thaïlande en janvier 2019. Je pense aussi à une prochaine histoire, qui sera très différente de Juice. Elle devrait se passer dans un monde fantaisiste, dans un univers inspiré de Ghibli. Mais pour le moment, je n’en sais pas plus.
Pour plus de renseignements sur les publications d’Art Jeeno, vous pouvez vous rendre sur le site de l’éditeur. L’auteur dispose également d’un compte instagram où il poste notamment ses aquarelles.
Un grand merci à Émilie Gleason pour avoir organisé la rencontre !
Galerie Photos
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