Le 17 mai 2005
Du charme et de la difficulté, parfois, d’être un livre mince.
Du charme et de la difficulté, parfois, d’être un livre mince.
Bien sûr, tenir devant soi A la recherche du temps perdu dans son édition intégrale en Quarto de chez Gallimard, ça vous pose un lecteur. Pareil avec La vie mode d’emploi dans son vieil habit blanc de chez Hachette. Pas pour une affaire de valeur de la littérature fixée au kilo (le Da Vinci Code pèse lourd). Plutôt pour une question de rapport à l’objet, de toucher, de sensualité. N’empêche.
J’ai un faible pour les petits livres, les légers, les frêles, les timides. Ceux qui s’effacent dans la bibliothèque, ceux dont la tranche est parfois si ténue qu’elle ne dévoile rien de plus que deux agrafes. Des livres de poche, souvent, mais la taille ne fait pas tout, le grain, le petit grain qui vous flatte la main fait aussi beaucoup.
Couverture glacée, lignes serrées, quarante-six grammes à la pesée, Le hibou et la baleine de Nicolas Bouvier, en Mini Zoé, a fait son nid dans la poche de ma besace. Un zeste de papier en plus, les étonnants romans-fragments de Valérie Mréjen (Allia) me sembleraient décevants publiés dans un format plus grand.
Le plus minçolet de mes bouquins est Matin brun, très courte nouvelle de Franck Pavloff publiée en 1998, au succès aussi réjouissant que surprenant [1]. J’en ai vu un exemplaire l’autre jour sur le comptoir d’une librairie. Seul, perdu, ridicule à l’ombre de deux piles d’ouvrages bien peu littéraires à deux euros, l’un de jeux, l’autre de cuisine. J’ai, pour la première fois, eu pitié des petits livres. Quel libraire aurait coincé Proust entre Mots-Croisés n°9 et Cuisinez pour vos amis ?
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