Indigestion de poulpe vivant
Le 6 décembre 2011
Véritable concentré de l’art de Hong Sang-soo, ce work in progress à la forme libre, extrêmement drôle mais aussi très émouvant, enchantera les aficionados du malicieux coréen mais pourrait aussi séduire les néophytes.
- Réalisateur : Hong Sang-soo
- Acteurs : Yumi JUNG (Jung Yumi), Lee Sun-kyun, Sungkeun MOON (Moon Sungkeun)
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Sud-coréen
- Durée : 1h20mn
- Titre original : Ok-hui-ui yeonghwa
- Date de sortie : 7 décembre 2011
- Plus d'informations : http://www.acaciasfilms.com/
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Véritable concentré de l’art de Hong Sang-soo, ce work in progress à la forme libre, extrêmement drôle mais aussi très émouvant, enchantera les aficionados du malicieux coréen mais pourrait aussi séduire les néophytes.
L’argument : Quatre histoires courtes, Un jour d’incantation, Le Roi des baisers , Après la tempête de neige et Le Film de Oki , sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement.
Notre avis : Après le jubilatoire Hahaha, sorti au printemps, et avant The day he arrives, présenté à Cannes et déjà programmé en avant-première, au mois d’octobre, dans le cadre du 6ème festival franco-coréen du film au Saint-André des Arts, voici donc que sort en salles ce Oki’s movie, sélectionné à Venise en 2010 et que le prolifique cinéaste avait lui-même présenté lors de la rétrospective de son oeuvre à la Cinémathèque au mois de mars.
Il s’agit d’un film quasiment improvisé en quelques jours avec une équipe réduite et entrepris d’abord comme une simple esquisse, le premier jet (Un jour d’incantation) appelant très vite l’adjonction des trois autres épisodes.
Quatre génériques presque identiques suggèrent l’idée d’un éternel recommencement ou de films imbriqués les uns dans les autres, la musique faussement solennelle d’Edward Elgar (la fameuse marche de Pomp and Circumstance) donnant à l’ensemble un ton délibérément enjoué et décalé.
- Oki’s movie
Oki’s movie est effectivement très drôle mais l’humour y est souvent acerbe et parfois poignant. Et, une fois encore, Hong Sang-Soo n’a pas son pareil pour poser le doigt là où ça fait mal, mettant en scène, avec une espèce de jubilation candide et irrésistiblement communicative, le malaise et la gêne.
Le premier épisode est particulièrement féroce et ne ménage pas son protagoniste Jinku qu’interprète un LEE Sunkyun déchaîné. Ce jeune cinéaste imbu de lui-même mais prompt aussi à l’auto-dénigrement et qui parle toujours un peu trop fort est une insupportable tête à claques mais son capital de sympathie auprès du film et de son spectateur augmente au fur et à mesure qu’il s’enferre dans ses gaffes et ses rodomontades pathétiques.
- Les amours d’Oki
Lors d’une des soirées arrosées dont les films de Hong Sang-soo sont émaillés, il ne peut s’empêcher de demander, sous l’effet de la boisson ou d’un vieux compte à régler, au collègue professeur d’université dont on découvrira plus tard qu’il a été à la fois l’élève et le rival : Savez-vous qu’une méchante rumeur circule à votre sujet ?
Plus tard, violemment pris à partie, à l’issue d’une projection, par une spectatrice vindicative, il ne trouve d’autre parade que de l’agresser à son tour : Je n’ai pas fait ce film pour vous plaire. Et d’ailleurs je ne ferai plus de film !
Dans les épisodes suivants, censés se passer quelques années plus tôt, il sera moins exaspérant même s’il se fait plusieurs fois traiter de psycho. Son anorak rouge, sa fascination pour une brique de lait abandonnée près d’un banc et ses efforts pour séduire la délicieuse et déroutante Oki (JUNG Yumi adorable) lui confèreront même une espèce de candeur touchante.
Les amours d’Oki
Le ton du film change aussi, devenant (un peu) moins sarcastique et s’abandonnant même par moment à un lyrisme discret (le long baiser). Une douce mélancolie désabusée imprègnera d’ailleurs les deux épisodes, plus brefs, qui concluent cet ensemble apparemment disparate et secrètement très cohérent.
Film faussement mineur dans la carrière du brillant cinéaste coréen, ces Amours d’Oki sont un véritable concentré de l’art de HONG Sang-soo, un work in progress à la forme libre, extrêmement drôle mais aussi très émouvant où l’auteur se livre peut-être davantage qu’ailleurs. Les aficionados seront aux anges. Quant aux néophytes, peut-être un peu décontenancés au premier abord, ils devraient rapidement tomber sous le charme.
- Oki’s movie affiche
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