Chant d’amour
Le 6 octobre 2019
Une œuvre-clé dans la filmographie de Scorsese : émouvante, somptueuse.
- Réalisateur : Martin Scorsese
- Acteurs : Liza Minnelli, Robert De Niro, Lionel Stander, Mary Kay Place, Barry Primus
- Genre : Comédie dramatique, Musical
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : MGM/United Artists
- Durée : 2h43mn
- Titre original : New York, New York
- Date de sortie : 14 décembre 1977
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Résumé : New York est en liesse après la victoire sur le Japon. Jimmy Doyle, saxophoniste et jeune soldat, remplace son uniforme par les habits à la mode et se rend au Starlight Club où la fête est déjà commencée. Il rencontre Francine Evans, une jeune chanteuse, et tente sans succès de la séduire. Mais le hasard les fait à nouveau se rencontrer dans la nuit, et la chanteuse et le saxophoniste vont s’aimer, faire carrière, connaitre la gloire, se séparer et se rencontrer à nouveau dix ans plus tar
Notre avis : Il est des films qu’on dit "cultes", adorés par les cinéphiles à travers les âges et imités par les cinéastes à travers le monde, mais qui n’ont aux yeux de leur auteur qu’un intérêt réduit. C’est le cas de New York, New York de Martin Scorsese, que le cinéaste dénigre régulièrement, alors même que nous y voyons une œuvre-clé, émouvante et somptueuse.
A l’avant-première de New York New York, Martin Scorsese est au plus mal. Sous l’emprise de la drogue (et il en réchappera de justesse), complètement paranoïaque, il engage deux gardes du corps pour assurer sa sécurité et surtout celle de son film, dont il apporte lui-même les bobines au cinéma où se tient la présentation. Le succès de Mean streets (1973), puis sa Palme d’Or pour Taxi Driver (1976) n’ont en rien atténué le sentiment de "Marty" d’être en marge artistiquement et sa peur de ne pouvoir trouver de financements pour faire du cinéma (un art qu’il a découvert et enseigné un temps à New York). Ce sentiment d’angoisse et d’abandon ne l’a jamais quitté, pas même aujourd’hui. Pourtant, lorsqu’on pense aux représentants actuels du cinéma new-yorkais, deux noms viennent immédiatement à l’esprit : Woody Allen et Martin Scorsese, piliers d’une ville par essence audiovisuelle. New York, New York est au fond un cri du cœur dédié à cette ville qui a vu naître Scorsese le 17 novembre 1942.
Scorsese débute le tournage de New York, New York avec le fameux Happy endings, séquence de pure comédie musicale pseudo-kitsch, et fait virevolter sa caméra et ses interprètes de la manière la plus explosive, colorée et enchantée. Le cinéaste avouera vivre alors les jours les plus heureux de sa vie. Et la séquence reflète, ô combien, ce happy feeling. Un bonheur hélas de courte durée.
C’est un peu l’histoire du film qui se projette sur le tournage. Scorsese s’enlise dans cette très grosse production tournée en hommage aux films des années 40 et 50. Une histoire d’amour qui va mal finir. Francine, la chanteuse (Liza Minnelli) et Jimmy, le saxophoniste (Robert De Niro) vont s’aimer, se produire ensemble dans des cabarets, mais peu à peu les divergences artistiques auront raison de leur couple. Dépassement de budget et de planning, décors trop oppressants, psychologie trop douloureuse, Scorsese n’arrivera pas, selon lui, à donner assez d’"espace" à ses rôles principaux. Et cependant, comme les scènes intimistes entre les deux protagonistes sont fortes ! Fortes par le corps des interprètes, souvent saisis sur place, à l’image de Francine, figée sur la banquette arrière d’une voiture, apprenant que Jimmy ne voulait pas de leur enfant.
Comédie musicale ou drame en musique, reflétant les angoisses d’un jeune cinéaste souffrant à l’idée d’être adulte et abandonné par l’art et l’amour, New York, New York est aussi, paradoxalement, l’une des plus belles déclarations à la vie, au cinéma et à la musique. Le chant d’un cinéaste, vénérant l’art avec une foi profonde. Et la question posée à la fin du film (lorsque Francine décide de ne pas prendre la porte de sortie pour rejoindre Jimmy) est peut-être celle-ci : un artiste doit-il sacrifier son art aux dépens des sentiments ? La beauté du film et ses clins d’œil amoureux (à Vincente Minnelli, Michael Powell ou Stanley Donen) semblent y répondre par une autre question : servir son art n’est-ce pas, déjà, de l’amour ?
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