Le 27 mars 2018
- Acteur : Stéphane Audran
- Voir le dossier : Nécrologie
Égérie du cinéma de Claude Chabrol, visage familier du cinéma français pendant trois décennies, la grande actrice nous a quittés.
Stéphane Audran fut, plus que Bernadette Lafont, et avant Isabelle Huppert, la muse de Claude Chabrol, dont elle avait été la seconde épouse (elle était mariée en premières noces à Jean-Louis Trintignant). Dès Les Bonnes femmes (1960), elle imposa sa présence magnétique : cette très belle femme était aussi une excellente comédienne, qui brilla en incarnant des premiers rôles de bourgeoise dans l’univers chabrolien : son duo lesbien avec Jacqueline Sassard fit sensation dans Les Biches (1968), où elle déclamait d’un ton détaché que « Saint-Tropez en février n’est pas celui de l’été » mais c’est dans La Femme infidèle (1968) qu’éclataient sa classe et son jeu nuancé : en épouse adultère de Michel Bouquet, qu’elle trompait avec Maurice Ronet, elle était impériale, et c’est un emploi similaire qu’elle tint dans Les Noces rouges (1973), avec Michel Piccoli et Claude Piéplu.
Ses rôles de bourgeoise femme fatale et manipulatrice ne la cantonnèrent cependant pas à un emploi unique et Chabrol en fit une victime très hitchcockienne dans le méconnu La Rupture (1970) et surtout dans Le Boucher (1970), où elle campait une institutrice objet des agissements d’un tueur (Jean Yanne). En 1979, Stéphane Audran obtint le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation de la mère d’Isabelle Huppert dans Violette Nozière : enlaidie, et parée d’une once de vulgarité, ce fut un contre-emploi qui devint pour elle un emploi dans les années 80, tout en constituant une passation de pouvoir avec Huppert, qui deviendra la nouvelle inspiratrice de Chabrol. Divorcée du réalisateur, Stéphane Audran le retrouva toutefois en donnant la réplique à Jean Poiret dans Poulet au vinaigre (1985) et Marie Trintignant dans Betty (1992).
Mais c’est avec d’autres cinéastes qu’elle devait désormais briller, elle qui fut nommée au Golden Globe de la meilleure actrice pour Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) de Luis Buñuel : Stéphane Audran devint dès lors l’un des seconds rôles les plus brillants du cinéma français. On se souvient notamment de l’épouse adultère et acariâtre de Philippe Noiret dans Coup de torchon (1981) de Bertrand Tavernier, et de la pitoyable « dame en gris » maltraitée par Guy Marchand et Michel Serrault dans Mortelle randonnée (1983) de Claude Miller. Mais elle fut aussi dirigée par Claude Sautet, Alain Jessua, Samuel Fuller, Orson Welles, Jean-Pierre Mocky, Laurent Bénégui et Anne Fontaine. En 1988, elle rencontra un succès international avec la coproduction Le Festin de Babette de Gabriel Axel, dans lequel elle était l’ambassadrice de la gastronomie française. Stéphane Audran qui restera à jamais dans le souvenir des cinéphiles vient de nous quitter à l’âge de 85 ans.
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