Le 20 décembre 2016
- Acteur : Michèle Morgan
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La star du Quai des brumes, interprète de Carné et Grémillon, partenaire de Jean Gabin et Gérard Philipe, est décédée.
« T’as d’beaux yeux, tu sais » : cette réplique culte, écrite par Jacques Prévert et lancée par Jean Gabin à Michèle Morgan dans Le Quai des brumes (1938), devait consacrer une jeune actrice de 17 ans. Son béret, ses cheveux pâles, son ciré noir, sa voix légèrement blessée et surtout son regard clair envoûtant ont séduit toute une génération de spectateurs. Michèle Morgan devint dès lors, avec Danielle Darrieux, la star numéro un du cinéma français. Cette comédienne sensible, douée pour le drame romanesque, avait été formée au cours Simon avant de débuter à l’écran sous la direction de Marc Allégret : elle donna la réplique à Raimu dans Gribouille (1937) et Charles Boyer dans Orages. Après le triomphe du film de Carné, elle tint des rôles importants dans L’Entraîneuse (1939) d’Albert Valentin et surtout Remorques (1940) de Jean Grémillon, où elle fut à nouveau partenaire de Gabin. Hollywood fit appel à elle pendant la guerre et elle y tourna Passage to Marseille (1944) de Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart. Son retour en France à la Libération fut un coup d’éclat avec le succès du mélodrame La Symphonie pastorale (1946) de Jean Delannoy (d’après André Gide) : sa composition de jeune aveugle lui valut le prix d’interprétation féminine au premier Festival de Cannes.
Reine des écrans des années 40 et 50, elle devint le symbole d’un certain cinéma français de qualité, insufflant sa classe et sa distinction dans Le Château de verre (1950) de René Clément, Les Orgueilleux d’Yves Allégret, ou Les Grandes manœuvres de René Clair : dans ces deux films sortis en 1955, elle partageait l’affiche avec Gérard Philipe, autre icône du 7e art en France. Le cinéma international ne l’a pas négligée pour autant et elle tourna Première désillusion (1948) de Carol Reed ou Les Ceinturions (1966) de Mark Robson. Par la suite, Michèle Morgan espaça ses apparitions à l’écran mais resta en tête d’affiche avec une nouvelle génération de cinéastes tels Claude Chabrol (Landru, 1962), Michel Deville (Benjamin ou les mémoires d’un puceau, 1968) ou Claude Lelouch (Le Chat et la souris, 1975). Son dernier film fut Ils vont tous bien (1990) de Giuseppe Tornatore, avec Marcello Mastroianni. Michèle Morgan honora de sa présence bien des cérémonies, présidant le Festival de Cannes en 1971 ou la Cérémonie des César en 1992. Au théâtre, elle fut exquise dans Chéri de Colette, mis en scène par Jean-Laurent Cochet (1981-83). Ex-épouse du réalisateur William Marshall et veuve de l’acteur Henri Vidal, elle avait été la compagne de Gérard Oury. Michèle Morgan qui vient de disparaître était âgée de 96 ans.
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