Le 20 novembre 2022
Le chef-d’œuvre de Peter Greenaway, avec The Pillow Book. Ce film à costumes basé sur une intrigue à mystère est un bijou d’humour acerbe et d’ambiance énigmatique, le tout baignant dans une splendeur esthétique.
- Réalisateur : Peter Greenaway
- Acteurs : Anthony Higgins, Anne-Louise Lambert, Janet Suzman, Hugh Fraser, Neil Cunningham
- Genre : Comédie dramatique, Policier
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : MK2 Distribution, Solaris Distribution
- Durée : 1h43mn
- Reprise: 30 novembre 2022
- Titre original : The Draughtsman's Contract
- Date de sortie : 15 février 1984
- Festival : Festival de Venise 1982, Festival de Berlin 1983
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– Année de production : 1982
Résumé : À la fin du XVIIe siècle, en Angleterre, Mme Herbert demande à M. Neville, un peintre paysagiste réputé, d’effectuer douze dessins du domaine de son mari. En contrepartie, elle s’engage à laisser l’artiste jouir de ses faveurs. Ce dernier acceptera le marché et comprendra trop tard qu’il a été utilisé pour servir un tout autre but.
Critique : Présenté au Festival de Venise 1982, Meurtre dans un jardin anglais est le premier long métrage de fiction de Peter Greenaway, qui était jusqu’alors célèbre pour ses documentaires, de format court, moyen ou long. Son œuvre cinématographique a toujours été influencée par ses activités de plasticien et d’artiste visuel, ce dont témoigne ce Draugthsman’s Contract (titre original). Mais le film frappe d’abord par son scénario sophistiqué et ses dialogues surabondants, sous forme de jeu de pistes et d’énigme psychologique et policière, tant on peine à comprendre qui manipule qui pendant presque toute la durée du récit. Soit donc une aristocrate entre deux âges, Mme Herbert, qui profite de l’absence de son époux pour signer en bonne et due forme un contrat avec un peintre, M. Neville. Elle lui propose d’immortaliser le domaine avec une série de douze dessins, moyennant une rémunération financière, l’hébergement et la nourriture, mais aussi ses faveurs sexuelles après chaque œuvre. Le récit frappe par son ironie cruelle, son humour pince-sans-rire, ses digressions saugrenues (une statue vivante qui se déplace, et à l’apparence d’un homme nu). Et la narration devient encore plus complexe lorsque sont présentés d’autres personnages intrigants tels la fille et le gendre impuissant de Mme Herbert. Un meurtre inattendu mettra le peintre dans l’embarras, tout en contraignant le spectateur à s’accrocher davantage pour suivre le fil narratif.
- © Solaris Distribution
En ce sens, Meurtre dans un jardin anglais appartient aux grands films énigmatiques de l’histoire du cinéma, quelque part entre Le grand sommeil et Mulholland Drive, dont on peut interpréter l’histoire à sa guise (même si le sens devient évident après plusieurs visions). On apprécie également ses subtiles métaphores sur les relations entre les hommes et les femmes ou sur les rapports sociaux, le peintre devant affronter une coalition mère-fille redoutable, mais aussi une aristocratie qui méprise son art, son arrivisme et son aisance à briller en société. Mais Meurtre mystérieux dans un jardin anglais est bien plus que tout cela, tant sa beauté plastique impressionne. On ne partagera pas le point de vue de ceux qui considèrent Greenaway comme un formaliste vain et maniéré (ce sont les mêmes qui méprisent Fellini ou Sorrentino). On ne peut qu’admirer le travail visuel, qui n’est jamais gratuit et s’inscrit pleinement dans la démarche du cinéaste.
- © Solaris Distribution
La composition des plans ou la précision des cadrages sont ainsi loin d’être de l’esbroufe, les images d’intérieur étant dignes de Barry Lyndon et les plans fixes en extérieur d’une réelle rigueur, en cohérence avec des éléments de l’histoire (que nous dévoilerons pas). Tout au plus peut-on semer des indices et dévoiler que The Draugthsman’s Contract fait ici écho aux trames de Blow-Up ou Profondo rosso (toute proportion gardée). Il faudrait aussi citer les collaborateurs artistiques et techniques, qui contribuent à la réussite de la mise en scène et à son ambiance unique, comme le compositeur Michael Nyman dont la musique envoûtante et répétitive est devenue culte. Enfin les interprètes sont parfaits, du Britannique Anthony Higgins à l’Australienne Anne-Louise Lambert (Pique-nique à Hanging Rock), en passant par la Sud-Africaine Janet Suzman. Meurtre dans un jardin anglais fut un gros succès des circuits art et essai à sa sortie. Les films suivants du réalisateur trouveront moins d’écho, malgré la grande réussite de The Pillow Book, autre œuvre graphique en forme de puzzle.
– Reprise en version restaurée : 30 novembre 2022
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