Le 29 décembre 2020
Un détective privé, engagé pour retrouver un maître-chanteur, se retrouve dans un imbroglio meurtrier. Une adaptation somptueuse de Chandler où Howard Hawks magnifie une nouvelle fois le couple Lauren Bacall/Humphrey Bogart.


- Réalisateur : Howard Hawks
- Acteurs : Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Dorothy Malone, Elisha Cook Jr., Louis Jean Heydt, John Ridgely, Martha Vickers
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 16 septembre 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : The Big Sleep
- Date de sortie : 6 août 1947

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Résumé : Philip Marlowe (Humphrey Bogart) se présente chez le riche général Sterwood (Charles Waldon) qui veut le mettre sur la piste d’un maître-chanteur dont sa fille cadette Carmen (Martha Vickers) est la victime. À peine arrivé, cette dernière lui fait un numéro de séduction plutôt pueril. Le général, en raison d’une grave maladie, vit dans une serre où il fait une chaleur épouvantable.
Critique : Après un long métrage d’aventures sur fond de guerre, Le port de l’angoisse ("To Have or Have Not" 1944), adapté d’Ernest Hemingway, Howard Hawks convoque de nouveau le couple Lauren Bacall /Humphrey Bogart, cette fois pour un film noir adapté du roman homonyme de Raymond Chandler. Appuyé par les scénaristes William Faulkner (le romancier lui-même), Leigh Brackett et Jules Furthman, le cinéaste offre une réalisation qui ne ressemble à aucune autre.
Si les ingrédients du film noir sont bien présents - détective privé désabusé, femmes fatales, gangsters immoraux, accompagnés de coups de poing et de revolvers -l’intrigue est on ne peut plus compliquée et bien malin celui qui pourrait affirmer ne pas s’y perdre ! Une hypothèse de cette opacité serait que les coupures imposées par la censure auraient brouillé la compréhension. Cette version est trop simple, on pourrait aussi penser que les brillants scénaristes se sont amusés à emmêler les pistes de l’intrigue, pour privilégier les situations romanesques, les rebondissements et les bons mots dont ils ont truffé chaque séquence, le tout avec un cynisme parfaitement élégant..
D’autre part, et curieusement sans émouvoir la censure, les rapports de Marlowe avec toutes les femmes qu’il rencontre, pour le bien de son enquête, sont à double sens et le jeu de la séduction est mené par la femme.
Humphrey Bogart évolue avec une aisance confondante dans ce rôle de privé, méfiant, viril, mais incorruptible, qui ne se laisse jamais impressionner et renvoie ses répliques du tac au tac. Lauren Bacall est remarquable dans un rôle de fille à papa assez garce, qui se trouve toujours là où elle ne devrait pas être. Leur complicité dans la vie participe largement à pimenter leurs échanges à fleurets mouchetés.
Malgré son parti pris risqué, le film est un bonheur de cinéma où le mythe Bogart, désormais intimement associé à Lauren Bacall, prend toute sa mesure.
Encore une fois, Howard Hawks prouve toute l’étendue de son talent, marquant l’œuvre de son empreinte, sans être étouffé ni par ses scénaristes, ni par son couple star.