Le 5 août 2023
Considéré à juste titre comme la référence du film de gangster, Scarface mérite amplement son excellente réputation grâce à une réalisation magistrale, des acteurs inspirés et un script brillant. Indémodable.
- Réalisateurs : Howard Hawks - Richard Rosson
- Acteurs : George Raft, Boris Karloff, Tully Marshall, Paul Muni, Ann Dvorak, Karen Morley, Osgood Perkins, Moonriver Entertainment
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Film de gangsters, Noir et blanc, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Artistes Associés
- Durée : 1h33mn
- Reprise: 16 avril 2014
- Date de sortie : 17 février 1933
- Plus d'informations : Histoire du polar au cinéma
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Résumé : Chicago, au temps de la prohibition. Un petit malfrat, l’ambitieux Tony Camonte, tue son patron et devient le garde du corps de Lovo, chef du gang rival. Amoureux de Poppy, la petite amie de Lovo, il veille jalousement sur sa sœur Cesca, lui interdisant toute liaison sentimentale. Avec son complice Guido Rinaldo, Tony prend peu à peu le pouvoir au sein du gang de Lovo.
Critique : Dans les années 1920, une loi de prohibition de l’alcool a été votée aux États-Unis ayant pour conséquence directe le développement du gangstérisme. Des personnalités comme Al Capone ont rapidement émergé, imposant leur loi du crime sur plusieurs États américains. Le cinéma américain ne pouvait pas rester à l’écart de ce phénomène et dès le début du parlant deux longs-métrages connaissent un énorme retentissement : Le petit César (1931) de Mervyn Le Roy et L’ennemi public (1931) de William Wellman. Ces deux films mettent en place les codes du film de gangsters en suivant l’ascension puis la chute de caïds du crime. Une structure que reprend Scarface dont le script est signé Ben Hecht, ancien journaliste ayant vécu à Chicago aux pires heures de la prohibition.
- © 1932 The Caddo Company. All rights reserved.
Produit par l’excentrique Howard Hughes, Scarface ose s’attaquer directement à Al Capone, même si les noms des personnages ont été modifiés pour éviter tout problème avec le parrain de Chicago. La plupart des gangsters sont décrits comme des êtres veules et sans culture qui cherchent à s’élever dans une société gagnée par la crise économique. Ainsi, le personnage principal, incarné avec beaucoup de justesse par Paul Muni, est-il un Italien immigré issu d’une famille pauvre. Il se met d’abord au service des racailles, avant d’éliminer toute la concurrence par un usage immodéré de la violence. Celle-ci contamine peu à peu toutes les relations qu’il entretient avec son entourage et vient directement impacter l’avenir de sa propre famille. Si la description de l’ascension du gangster nous apparaît aujourd’hui comme très classique – et donc banale – il n’en est rien de sa chute. Grâce à un script particulièrement bien écrit, le métrage s’oriente progressivement vers la tragédie familiale, comme le fera par la suite un certain Francis Ford Coppola avec sa saga du Parrain. Cette dimension tragique bouleversante – notamment grâce au beau personnage de la sœur du criminel incarnée par Ann Dvorak – hisse Scarface au panthéon des films de gangsters dont il peut être considéré comme le mètre étalon.
- © 1932 The Caddo Company. All rights reserved.
Réalisé de main de maître par un Howard Hawks qui n’avait jusque-là tourné que des films muets sans grande envergure, le métrage bénéficie de nombreuses audaces stylistiques comme des travellings qui passent de la rue dans des intérieurs, des plans séquences originaux pour l’époque et des séquences de fusillades particulièrement efficaces. Le cinéaste, pourtant peu habitué aux mouvements d’appareil, se fait alors plus formaliste qu’à l’accoutumée. Peut-être est-ce l’influence de son assistant Richard Rosson qui fut son coréalisateur sur quelques longs-métrages du début des années 30 ? En tout cas, Scarface est aussi un bel objet cinématographique, visuellement splendide et doté d’une mise en scène remarquable. Les acteurs sont tous dirigés magistralement et trouvent pour la plupart leur plus beau rôle. On notera la présence de Boris Karloff en truand charismatique, ainsi que la prestation impeccable de George Raft dans l’un de ses premiers emplois importants.
Considéré à juste titre comme un grand classique du genre, Scarface a pourtant connu de nombreux déboires avec la censure de son époque. Jugé trop violent, le métrage est resté bloqué un an après sa réalisation avant de pouvoir enfin sortir sur les écrans. De fait, il demeure aujourd’hui encore efficace, là où d’autres films de l’époque paraissent timorés. Ces excès se retrouveront décuplés dans le remake de Brian De Palma avec Al Pacino, lui aussi devenu une référence incontournable dans le domaine de l’ultra violence.
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