Bribes de Murnau
Le 1er novembre 2014
Le génie de Murnau est bien présent dans ce fragment rescapé de son huitième film.
- Réalisateur : Friedrich Wilhelm Murnau
- Acteurs : Greta Schröder, Hans Heinrich von Twardowski, Harry Frank, Adele Sandrock, Tzwetta Tzatschewa, Leonhard Haskel, Maria Forescu, Albrecht Viktor Blum, Max Nemetz, Toni Zimmerer
- Genre : Comédie dramatique, Film muet
- Nationalité : Allemand
- Durée : 13 mn (fragment)
- Titre original : Marizza, genannt die Schmuggler-Madonna / Das schöne Tier
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– Production : Helios-Film Erwin Rosner (Berlin)
– Tournage : octobre 1920
– métrage original : 1735 m (5 actes)
– Visa de censure (Allemagne) : 16 juillet 1921
– Première en Allemagne : 20 janvier 1922, Berlin, Johann-Georg-Lichtspiele
Le génie de Murnau est bien présent dans ce fragment rescapé de son huitième film.
L’argument : La séduisante Marizza travaille pour la vieille paysanne Yelina, complice d’une bande de contrebandiers, et a pour mission de détourner l’attention des postes frontière. Elle veut commencer une nouvelle vie en se faisant engager dans la propriété terrienne de madame Avricolos mais en est chassée après avoir eu une affaire avec le fils aîné, Christo que sa mère, en situation financière difficile, veut marier avec Sadia, la fille du riche usurier Scarzella.
Marizza s’enfuit avec le cadet, Antonio, amoureux d’elle, et met au monde l’enfant qu’elle a eu avec Christo. Le couple se produit d’abord dans les auberges, Antonio jouant du violon et Marizza récoltant l’argent de table en table, puis rejoint la bande des contrebandiers.
Lors d’une rixe Marizza tue un garde frontière avec qui Antonio, jaloux, se battait.
Antonio prend sur lui la responsabilité du meurtre mais la cabane dans laquelle Marizza a laissé son enfant prend feu. Elle se précipite dans les flammes. La mère et l’enfant sont sauvés in extremis par Christo. (d’après Hans Feld, Filmkurier N°18, 21 janvier 1922, cité dans FW Murnau, Reihe Film 43, Carl Hanser Verlag 1990, et le résumé du film sur Filmportal.de)
Notre avis : Réalisé juste après Der Gang in die Nacht, mais sorti seulement en janvier 1922, Marizza fait partie des neuf films de Murnau (sur 21) dont ne subsiste aucune copie complète.
- Harry Frank, Adele Sandrock et Hans Heinrich von Twardowski dans MARIZZA, GENANNT DIE SCHMUGGLERMADONNA (1920 - F. W. Murnau) - source : Deutsche Kinemathek
Un fragment de l’édition italienne (d’une longueur totale de 1572 m à l’origine selon le visa de censure du 2 avril 1923) a néanmoins été retrouvé et acquis dans les années 70 par José Pantieri pour le Museo Internazionale del Cinema e dello Spettacolo (MICS). Une copie de sécurité de ce matériel a été déposée en 2008 auprès de la Cineteca Nazionale qui en a assuré une restauration digitale présentée en 2010 aux Giornate del cinema muto de Pordenone.
Le fragment correspond à la première bobine du film si on se base sur les résumés de l’intrigue publiés dans la presse de l’époque.
Malgré la présence, dans le rôle de Madame Avricolos, d’Adèle Sandrock (Die englische Heirat), ancienne gloire du théâtre, de Hans Heinrich von Twardowski (Caligari ; Von Morgens bis Mitternacht) dans celui du fils cadet, le tourmenté Antonio, et de Greta Schröder (Nosferatu) en douce amoureuse délaissée, il s’agit visiblement d’une production assez modeste destinée à mettre en valeur l’actrice d’origine bulgare Tzwetta Tzatschewa (1900–1975) qui fit carrière en Allemagne entre 1918 et 1927.
- Marizza, genannt die Schmuggler-Madonna - FW Murnau 1920
L’intrigue improbable se déroule dans un décor de Balkans d’opérette qu’on retrouvera dans Die Finanzen des Großherzogs et, en dépit des retournements dramatiques à venir, le ton de l’ensemble paraît plutôt léger à en juger d’après les bribes subsistantes.
Car ces quelques scènes d’exposition ne sont évidemment qu’une mise en bouche mais on sera sensible au charme de Tzwetta Tzatschewa, qui, malgré ses atours de gitane et l’éclat indéniable de sa beauté, ne cherche pas à jouer à la diva, à la photo de Karl Freund et à la respiration que le cinéaste sait insuffler à des plans qui sont toujours d’une grande beauté vivante, jamais figée, notamment ceux filmés en extérieurs (Maritza dans un champ avec le garde-frontière).
- Marizza, genannt die Schmuggler-Madonna - FW Murnau 1920
On remarquera la forte présence d’animaux (la chèvre accompagnant la jeune femme, mais aussi les poules de basse-cour ou les pigeons s’ébattant paisiblement à l’intérieur même de la villa de l’usurier) qui contribuent à créer cette impression de vie organique, irrépressible, faisant éclater le cadre d’un univers de pure convention.
Le sentiment de frustration ressenti lorsque s’interrompent brutalement les bribes survivantes de Marizza est donc vif, tant le génie du cinéaste s’y manifeste de manière évidente.
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