Le 25 juin 2022
Un film en état de grâce, l’un des plus importants de l’histoire du cinéma.
- Réalisateur : Friedrich Wilhelm Murnau
- Acteurs : George O’Brien, Janet Gaynor, Margaret Livingston, J. Farrell MacDonald, Bodil Rosing
- Genre : Drame, Film muet, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h37mn
- Reprise: 14 septembre 2016
- Titre original : Sunrise : a Song of Two Humans
- Date de sortie : 11 octobre 1928
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Résumé : Un pêcheur s’éprend d’une citadine aux allures de vamp. Sous l’influence de celle-ci, il décide de noyer son épouse, mais change d’avis une fois sur la barque. Effrayée, la femme fuit en ville. Elle est bientôt rejointe par son mari, désireux de se faire pardonner.
Critique : Fredrich Wilhem Murnau, cinéaste allemand majeur - Nosferatu le vampire ("Nosferatu, eine symphonie des grauens", 1922), "Le dernier des hommes" ("Der Letze mann", 1924) ou encore Faust, une légende allemande ("Faust, eine deutsche vollkssage", 1926) - commençait avec ce film une carrière américaine. Ce ne fut pas un succès à sa sortie, malgré une belle poignée d’Oscars. Le suivant, Four devils, réalisé en 1928, sera un échec encore plus cuisant, mais dont on ne sait presque plus rien, les copies ayant été perdues. L’intruse ("City girl", 1930) ne fera pas mieux. Ces revers successifs et ses démêlés avec le studio Fox vont le conduire à s’expatrier de nouveau pour tourner Tabou ("Tabu" 1931) en Polynésie. Ce sera son dernier film. Murnau meurt dans un accident de voiture le 11 mars 1931, à seulement 42 ans.
La cinéphilie va redonner à cet auteur la place importante qui est le sienne, avec ses scénarios extrêmement élaborés, des découpages impressionnants, des plans mémorables, des personnages fouillés et une interprétation assez moderne pour l’époque.
L’aurore reste comme un film en état de grâce : présenté comme une histoire universelle dès le premier intertitre, il nous fait suivre le destin d’un homme (George O’Brien), dépassé par sa liaison avec une femme citadine, qui, après avoir tenté de tuer sa femme, va la suivre pour une folle journée à la ville, ce qui va permettre aux deux protagonistes de se retrouver. La partie à la campagne, qui contient des plans ingénieux (les pièces qui semblent être en pente), est néanmoins éclipsée par l’enchaînement extraordinaire des scènes urbaines, notamment celles du salon de coiffure, du studio de photographie et encore plus la séquence du casino : la parenthèse humoristique du petit cochon, utilisé pour un jeu d’adresse et qui se sauve dans les cuisines, ainsi que celle du monsieur qui s’astreint à remonter les bretelles de la robe d’une cliente et finira par prendre une gifle, sont absolument inutiles au récit, mais constituent à elles seules un régal de mise en scène.
Néanmoins, une tension permanente sous-tend le parcours de cet homme prompt à la violence : il manque de tuer deux femmes et en arrive presque aux mains avec un client entreprenant dans le salon de coiffure. Idem avec des clients sur la piste de danse du casino : le happy end en est-il vraiment un, si l’on considère que cet homme refrène très mal ses pulsions ?
Les immenses qualités de mise en scène de Murnau interrogent sur la façon dont il aurait abordé le parlant, s’il avait vécu plus longtemps. Quand on voit ce que sont devenus Fritz Lang et Ernst Lubitsch, ses compatriotes au parcours comparable, on peut l’imaginer aisément !
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