Côté Lubitsch (à côté)
Le 2 mai 2010
Une comédie du travestissement pleine de verve et à la bonne humeur communicative qui témoigne de la vitalité du cinéma allemand à l’époque du muet.
- Réalisateur : Georg Jacoby
- Acteurs : Hans Adalbert Schlettow, Pola Negri, Harry Liedtke, Hermann Thimig, Victor Janson, Poldi Deutsch, Georg Baselt, Paul Morgan, Emmy Wyda, Lissy Schwarz, Max Kronert
- Genre : Comédie, Film muet
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h21mn
- Titre original : Komtesse Doddy / Komtesse Dolly
L'a vu
Veut le voir
– Production : Projektions-AG »Union« (PAGU) (Berlin)
– Producteur : Paul Davidson
– Visa de censure (Allemagne) : octobre 1919
– Sortie en Allemagne : novembre 1919, Berlin
Une comédie du travestissement pleine de verve et à la bonne humeur communicative qui témoigne de la vitalité du cinéma allemand à l’époque du muet.
L’argument : Parce qu’elle n’a d’autre choix que de se marier dans les 24 heures, et que son fiancé est fait prisonnier en Afrique, la Comtesse Doddy est contrainte d’épouser un inconnu.
Notre avis : Le film est d’abord un produit sur mesure pour la star Pola Negri, accompagnée ici du non moins populaire Harry Liedke. Elle apparaît en exergue et s’adresse au spectateur pour lui annoncer que, pour une fois, elle ne jouera pas dans un sombre drame mais dans une comédie. Les quatre actes qui vont suivre vont effectivement alterner marivaudage et pur burlesque, en passant par les jeux de masques et le travestissement, et permettre à l’actrice de démontrer son aisance dans les registres les plus variés.
L’acte 3 est particulièrement intéressant. Pola Negri, en frac et perruque à la garçonne, relance son mari qui ne l’a vue que masquée lors d’une soirée pour célibataires où elle résiste aux avances de la seule femme présente. Alors que personne ne semble soupçonner son travestissement, elle embrasse Harry Liedke sur la bouche, ne provoquant d’ailleurs dans l’assistance qu’un léger mouvement de surprise. Le jeu sur l’ambiguïté du « genre » (masculin-féminin) est joué sans complexes, la "virilisation" de l’une s’accompagnant bien sûr de la "féminisation" de l’autre. Les deux acteurs s’y livrent avec beaucoup de verve et de grâce. Nous ne sommes pas loin ici de Lubitsch et en particulier de Je ne voudrais pas être un homme (1918). Il faut dire que quasiment tous les acteurs du film ont tourné avec lui avant ou après. Lui-même jouait dans un film mis en scène par Jacoby en 1915. Et Fraülein Piccolo de Franz Hofer, en 1915 également, réunissait Doritt Weixler en travesti et Lubitsch acteur...
La carrière inégale mais dense (près de 150 films) de Jacoby va de 1913 à 1960. Sa mise en scène est enlevée et élégante. Il sait remarquablement bien orchestrer les déplacements des acteurs dans les vastes décors. Le ballet des hommes en fracs lors de la soirée par exemple est parfaitement chorégraphié. D’ailleurs la comédie musicale deviendra plus tard une de ses spécialités.
La carte du burlesque est exploitée à fond. Pas de tartes à la crème mais Pola Negri transformée en pouf sur lequel on s’assoie à tour de rôle, ou Harry Liedtke enfermé dans une malle : il faut faire un trou pour qu’il n’étouffe pas et il est malencontreusement entamé par la scie.
L’ensemble n’a pas la concision et la fermeté de trait des meilleurs Lubitsch de la même époque. Mais la légèreté et la bonne humeur contagieuse qui imprègnent Komtesse Doddy en font un film fort sympathique et plein de charme. Il s’agit certes d’une oeuvre parfaitement commerciale et mineure. Pourtant on y respire l’irrévérence et l’air de liberté qui souffle sur une bonne partie du cinéma allemand des années 10.
Galerie photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.