Le 5 mars 2015
Madonna has been ? Ce n’est pas notre avis. Découvrez ici pourquoi...
- Acteur : Madonna
- Plus d'informations : Le site de l’artiste
Madonna has been ? Dans les rêves des adolescents sûrement. Son album Rebel Heart laisse sa concurrence féminine complètement exsangue.
Madonna la conquérante.
La rebelle de Like a Virgin (1984), après une décennie à renier toute promotion musicale, à fuir les journalistes, qui l’appréciaient peu, de toute façon, avait oublié d’où elle venait. On l’entendait se répandre sur ses gamins à langer, à adopter ou à sauver d’une misère d’Afrique pleine de bons sentiments politiques et donc rébarbatifs. Elle flirtait avec l’ésotérisme religieux et affichait des ambitions cinématographiques royalistes (W.E., biopic pourtant réussi). Madonna, embourgeoisée depuis sa rencontre avec un certain Guy Ritchie, qui aurait voulu en faire une châtelaine, a donc loupé, semblerait-il, une génération et doit aujourd’hui répondre de son âge, car jugée coupable de vouloir rester la même à 56 ans.
Pour celle qui a ouvert chacun de ses albums dans les années 80-90 et 2000 comme des blockbusters, la dame aurait du mal à afficher la retouche de ses photos dans les journaux à scandales ou à se faire une place sur les radios, entre la diffusion de Jules et Maître Gims. Pourtant, elle semblerait enfin avoir capté les impératifs d’un monde contemporain 2.0, fait de réseaux sociaux rageurs, où l’anonymat fait pousser des ailes de "Bull", sans les couilles de taureau qui sont censés aller avec. Il lui faut donc déballer le show, comme le fait le commun des mortelles, des vedettes décimées en 4 albums ; il lui faut apparaître dans des programme de télé-réalité à voix - on parle de la génération Reine des Neiges, s’il vous plaît, alors que le Disney qui chante était devenu tellement ringard quinze ans auparavant-, se montrer dans des talk-shows outrés, où s’autocongratulent des présentateurs qui s’écoutent lire leur prompteur. Madonna en 2015 doit aussi multiplier les promo tours pour gagner quelques places dans les charts du géant numérique Itunes, à moins que cela soit pour être streamée sur YouTube, puisque le streaming a désormais son mot à dire pour exister dans les hits parades de certains marchés (américains ou anglais)…
Ces exercices, elle les avait laissés aux petites jeunes gavées de programmes gonflés au replay du vide et au buzz de la petite phrase creuse, reprise à l’infini par les Twittos. Elle avait toutefois réalisé des scores solides le temps d’une semaine avec l’album électro MDNA (2012), sans couverture télévisuelle ou papier… Un demi-exploit, puisque dix semaines plus tard l’album était devenu le plus méconnu de sa carrière, malgré des titres de premiers plans tels que Love Spent, Gang Bang ou Masterpiece, qui étaient somptueux ! Plus d’un million et demie de ventes plus loin, le monde a scellé l’album du seau diffamatoire du flop et, après une tournée truculente, la star a réléchi. Elle a pris son temps pour revenir, se faisant oublier par certains qui la croyaient donc finie. Mais voilà, en 2015, Madonna revient avec tout ce qu’il faut en promo, musique et numéro d’esbroufe, pour restaurer sa royauté.
Des producteurs à la pelle, d’horizons divers, d’Avicii à Kanye West, en passant par Diplo ou Blood Diamond… De quoi saturer les oreilles qui ont attendu un an pour découvrir un patchwork redouté, sous haute tension. Les intentions musicales peu évidentes de l’artiste autour de ce projet secret, ont toutefois percé, avec l’apparition désastreuse sur la toile de plus de 30 titres en cours de production en fin d’année 2014, des suites d’une fuite, de quoi faire croire un instant aux internautes tous puissants, qu’ils auraient le dernier mot sur la sortie de l’album et le choix du tracklisting final.
Belle illusion, l’album ne corrigera pas les critiques des premières semaines, et suivra l’orientation voulue dès le départ, à savoir un mélange de titres mid-tempo, teintés d’une humeur hip hop. La pop des premières démos a été largement revue à la baisse pour ne pas réitérer l’ineptie de MDNA qui mélangeait les styles, dans une quête désespérée de la tendance à ne pas louper. Ici, le trendy Avicii, qui offrait des démos consensuelles pour les radios avec les titres Wash over Me et Rebel Heart, voit sa production adoucie. L’album sera pop-folk, mélodieux, harmonieux, étrangement oriental, nostalgique de l’ambiance backroom feutrée d’Erotica, mais sûrement pas une réitération redondante du trip dance-électro de son prédécesseur.
Présenté en France dans 3 éditions, Rebel Heart propose ses états d’âmes belliqueux et sexuels sur un premier CD de 14 titres totalement dépourvu d’intérêt. La chanson éponyme étant écartée de la sélection. Pourquoi, n’était-elle pas suffisamment bonne pour se frayer une place sur la galette qui devrait perdurer quand les packaging Deluxe s’évaporeront ? Ou est-ce une manœuvre commerciale pour encourager l’audience à mettre trois euros de plus pour aller vers l’exemplaire Deluxe où quatre titres y ont été greffés, notamment l’insipide S.E.X, indigne d’une face B, l’euphorisant Veni Vidi Vici avec Nas en featuring, mais surtout l’orchestral Messiah, morceau de bravoure, qui domine une bonne partie de la production de l’album. L’édition 19 titres comprend également la ballade folk Rebel Heart, donc, qui séduit dans sa simplicité et l’élégance d’écriture, alors que Madonna livre la complexité de sa personnalité, l’émotion du mot toujours bien placé pour rendre son discours captivant.
La troisième édition Super Deluxe, avec un packaging digipack en 6 volets, déploie surtout une erreur de marketing magistrale, présentant 2 remixes de Living For Love, en lieu et place de deux inédits ! Pour nous, un remix n’a sa place que sur un single. Les démos ont tourné, et certains titres tubesques (Two Steps Behind, sur l’ersatz de la madone, Lady Gaga) ont été évincés de la composition définitive, sic. L’édition française propose toutefois dans cette édition limitée Beautiful Scars, qui emprunte sur sa fin des développements à la Daft Punk, plutôt enivrants, et surtout Addicted et Borrowed time, du pur Madonna, poppy à souhait, mélodieux comme peu de moments de la première partie du CD, le sont. Vous savez, ces morceaux jetés en pâture sur Itunes lors des fuites de Noël, à savoir les titres de Kanye West et Diplo tels que Unapologetic Beach, Bitch I’m Madonna et Illuminati… Ces morceaux-là, déjantés à souhait, sont surtout dangereusement éloignés de la sphère « madonesque », qu’on aurait pu les imaginer sur l’album urbain Hard Candy où ils avaient sûrement leur place.
Avec une production de premier choix, Rebel Heart se pare d’atouts majeurs, comme cette texture synthétique envoutante sur Hold Tight, évocateur des tourbillons tristes de The Power of goodbye, un hymne fédérateur diabolique où la voix de Madonna se fond dans un vortex vocal et musical (Living for Love, amoureux d’une époque garage 90s). Des singles consensuels sont distillés, et ils sont nombreux : Devil Pray, Ghosttown ou HeartBreakCity, remportent effectivement l’adhésion et sont parmi les plus radio-friendly de cet environnement chargé. Iconic, avec Chance the Rapper et Mike Tyson en featuring, a du coffre et Joan of Arc est sans nul doute un sleeper qui s’inscrit dans l’efficacité sur la durée.
Comme toujours chez Madonna, des titres orientaux viennent troubler nos habitudes urbaines, des fantaisies comme Body shop, Holy water, ou Best Night. Des choix audacieux peu commerciaux, qui font baisser le niveau d’intérêt, car nous n’en ressortons jamais amoureux. Au moins échappent-ils à cette vaine tendance à pré-fabriquer du tube.
Effectivement, rompue à l’exercice de la pop, la Ciccone n’est pas la star sur le déclin qui semblerait en quête du hit tendance. Son retour sur la scène télévisuelle, une compromission assez vile pour sa stature, ne doit pas nous détourner de l’essentiel. La maturité de trait, rarement grossi sur cet opus où la voix s’élève toujours pour flirter avec l’émotion noble, est constante, y compris dans l’avalanche de titres bitchy où elle s’amuse de l’image de la femme dans l’industrie musicale contemporaine, qu’elle a façonnée pendant plus de 30 ans, pour permettre à une génération entière de réitérer ses turpitudes passées à la sauce des minettes insouciantes aujourd’hui qui vénèrent sûrement plus sa longévité que la concurrente qu’elle demeure.
Projet souvent déroutant, Rebel Heart est surtout l’introspection d’une célébrité bien vivante, insolite dans ses 30 années passées au sommet, où l’autocitation textuelle et musicale rend la composition touchante, loin des opus concurrents d’une jeunesse poppy, de Taylor Swift, Lady Gaga ou Katy Perry, qui n’ont jamais réussi à s’affranchir des goûts adolescents de leur public. Rebel Heart a le mérite de viser plus haut, sans toutefois aboutir aux consensus artistiques de Ray of Light, Like a prayer ou Confessions on a dance floor, plus uniformes en leur temps : ils avaient mis absolument tout le monde d’accord, comme peu d’albums pop ces trente dernières années.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
aline_madonna 16 août 2018
Madonna excelle sur Rebel Heart, critique de l’album
Pour moi Madonna, est une icône ! Quand on pense qu’aujourd’hui elle fête ses 60 ans, tout le chemin parcouru et cette superbe carrière qu’elle a su se construire ! J’ai écrit un article dessus et avec mon ami graphiste on a refait des illustrations de ses couvertures d’album les plus célèbres avec quelques gros titres sur la vie de cette star internationale : https://www.stylight.fr/Magazine/Lifestyle/Madonna-La-Reine-De-La-Pop-Fete-Ses-60-Ans/
Dites moi ce que vous en pensez ! :)