La mélancolie du tueur à gages
Le 11 avril 2006
Retour de John Rain, le tueur à gages métis, dans les aventures toujours aussi palpitantes.
- Auteur : Barry Eisler
- Collection : Nuits noires
- Editeur : Belfond
- Genre : Polar, Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Souvenez-vous, dans le livre précédent, Tokyo blues, John Rain - le célèbre tueur à gages d’origine mi-japonaise mi-américaine spécialisé dans les "morts naturelles" - s’était juré de prendre sa retraite. Rattrapé par la mafia japonaise et la CIA, il acceptait de mettre sa longue expérience, son sang-froid et sa connaissance des arts martiaux au service d’une lutte sans merci contre la corruption des quartiers chauds de Tokyo.
Autre livre autre lieu. Après s’être exilé au Brésil sous le nom de Yamada-San, l’homme aux identités multiples se retrouve à Macao, contraint d’accepter une nouvelle mission de la CIA. Tuer le marchand d’armes Belghazi, fortement soupçonné de fricoter avec des réseaux islamistes de Tokyo - mission qui le mènera à se méfier de la belle et brillante espionne du Mossad, Delilah.
D’un livre à l’autre, des mécanismes se répètent, des personnages réapparaissent, et pourtant, les aficionados de l’anti-héros, largement inspiré de la vie de l’auteur [1], se précipitent immanquablement sur chaque nouvelle parution des aventures du quinquagénaire bluffant de vivacité, fin connaisseur du monde d’aujourd’hui. Vil succès d’une littérature qu’abreuve une machine éditoriale bien huilée ? Aveuglement d’un lectorat prisonnier d’une modernité asphyxiée ? Pensez-vous. L’intelligence et le talent de Barry Eisler ont vite fait de mettre tout le monde plus ou moins d’accord et de justifier les éloges et récompenses [2].
Si Macao blues souffre au début de platitude, de l’installation peu convaincante d’un ton et d’images qui se cherchent, ceux-ci ont vite fait de devenir plus affirmés, plus intenses. Au-delà du réalisme renversant que nous offrent comme à l’accoutumée les scènes de combat, d’effraction, les descriptions des villes, leurs quartiers, leurs habitants, Barry Eisler nous transporte au cœur des pensées et des sentiments de son héros très attachant. Un John Rain d’autant plus mélancolique, voire dépossédé de lui-même, que les plages du Brésil et l’archipel de Macao l’invitent respectivement à se remémorer les femmes aimées et à se pencher sur sa condition d’homme toujours en transit et traqué. Mais Macao blues est aussi, et surtout, la mise en abîme d’un homme, l’auteur, nourri et en même temps destructuré par ses deux cultures, à l’image des habitants du Brésil et de Macao.
Barry Eisler, Macao blues (traduit de l’américain par Pascale Haas), Belfond, coll. "Nuits noires", 2006, 380 pages, 20 €
[1] Fasciné dès l’enfance par la "connaissance interdite" et la personne du magicien Harry Houdini, Barry Eisler a étudié toute sa vie les arts martiaux, la boxe et la lutte occidentales, le jiu-jitsu brésilien ainsi que le judo et le karaté japonais. De même qu’il s’est constitué une bibliothèque du criminel et agent-secret hors pair, il a travaillé trois ans pour la CIA
[2] Eisler est considéré par beaucoup comme l’inventeur d’un nouveau polar, son dernier livre Macao blues a été honoré des prix Gumshoe et Barry dans la catégorie meilleur thriller de l’année
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