Pas de chance - La chronique BD

Pas de chance. Pour Serge le marin, d’abord, la preuve, c’est son surnom. Et c’est sa rose tatouée qui, tannée, couvre le recueil des lettres d’amour qu’il avait envoyées à Rose. Pas une veinarde non plus, celle-là, et pas seulement parce que son amoureux a été condamné à mort. Pas de bol non plus pour Ernst, antiquaire spécialisé dans les reliques humaines, tombé, des décennies plus tard, sur ce bouquin après lequel courent les membres d’une tribu Dayak, jadis pillée pour ses trésors.

Pas de chance enfin pour Simon, ferrailleur dans le Berry, qui sauve Ernst de ses traqueurs et qui se retrouve mêlé à cette aventure dont la destination suivante s’appelle Rebecca, star du porno tatouée et petite-fille de Rose… La suite au prochain numéro, que l’on espère à la hauteur de celui-ci.

Une intrigue haletante, des vies qui basculent dans l’inconnu, des personnages ambigus et dont les motivations se découvrent timidement, une atmosphère qui s’installe en douceur, au rythme de cases pas pressées et peu bavardes, des dessins bruts, durs, à la hache, dans des gris très travaillés… Bref, Philippe Riche signe ici un road-movie noir avec, plantée dans son cœur, une rose qui a perdu ses couleurs. Pas de chance, vraiment. Sauf pour le lecteur.