Bats-toi maman !
Le 2 mars 2011
Ce mélodrame enjoué, à l’irrésistible grâce musicale, apporta la consécration à un Naruse de trente ans en très grande forme créative.
- Réalisateur : Mikio Naruse
- Acteurs : Sachiko Chiba, Heihachirô Ôkawa, Sadao Maruyama, Tomoko Ito, Chikako Hosokawa, Kamatari Fujiwara
- Genre : Comédie, Mélodrame
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h17mn
- Titre original : 妻よ薔薇のやうに
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Histoire des grands studios japonais : 4e volet - La Tôhô
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– Sortie au Japon : 15 août 1935
妻よ薔薇のやうに Tsuma yo bara no yo ni - P.C.L. 1935 - M. Naruse Ce mélodrame enjoué, à l’irrésistible grâce musicale, apporta la consécration à un Naruse de trente ans en très grande forme créative.
L’argument : Kimiko, une employée de bureau, vit avec sa mère poétesse. Elle envisage de se marier mais elle doit d’abord ramener au foyer son père qui est parti vivre avec une autre femme. Elle le retrouve dans les montagnes, cherchant de l’or sans succès. Il est entretenu par sa maîtresse qui envoie aussi régulièrement de l’argent à Kimiko et à sa mère.
Notre avis : Faisant suite à Trois soeurs au coeur pur et L’actrice et le poète, Tsuma yo bara no yo ni - Ma femme, sois comme une rose est le plus connu des cinq titres que Mikio Naruse, libéré de son contrat avec la Shochiku (24 films), signe au cours de l’année 1935 pour la P.C.L., la compagnie aux idées progressistes qui allait plus tard fusionner avec la Tôhô.
妻よ薔薇のやうに Tsuma yo bara no yo ni - P.C.L. 1935 - M. Naruse
妻よ薔薇のやうに Tsuma yo bara no yo ni - P.C.L. 1935 - M. Naruse
妻よ薔薇のやうに Tsuma yo bara no yo ni - P.C.L. 1935 - M. Naruse
Bien que relevant du mélodrame par son sujet et par la forte charge émotionnelle de certaines scènes, le film frappe d’abord par sa vivacité et son caractère enjoué, mettant à mal la réputation de grisaille et de tristesse attachée à tort au nom du cinéaste.
Nombre de scènes relèvent en effet de la pure comédie, en particulier les échanges, sur le mode de la provocation ludique, entre l’héroïne, Kimiko (Sachiko Chiba), et son fiancé (Heihachiro Okawa), ou lorsque, au cours d’une conversation, l’oncle (Kamatari Fujiwara), amateur de gidayu, contrefait sa voix pour la plier au inflexions du théâtre de marionnettes.
L’influence de la comédie américaine est revendiquée : Kimiko hèle un taxi en imitant Claudette Colbert dans New York - Miami de Capra, provoquant la gène de sa mère (Tomoko Ito) qui, visiblement, ne sait plus où se mettre.
La justesse du regard de Naruse est particulièrement remarquable dans la manière dont il traite ce personnage toujours en porte-à-faux, à la fois ridicule (sa mauvaise humeur, ses moments d’inspiration) et très touchant, ne cessant de regretter l’absence de son mari mais incapable de le supporter quand il est là.
La note mélancolique n’est d’ailleurs jamais totalement absente du film. En tous cas elle peut surgir à tout moment sans surprendre. Mais même dans les scènes où l’émotion prend brièvement le dessus, comme celle, magnifique, où se révèle la grandeur d’âme d’Oyuki (Yuriko Ei), la nouvelle compagne du père, ou au moment de l’amer et sec constat final (Tu a perdu maman) l’effusion et la redondance sont bannies.
Les déambulations accompagnées par la caméra, caractéristiques de la manière de Naruse, ne manquent pas : père et fille marchant côte à côte sur un chemin, déplacements en accordéon des deux fiancés ne cessant de se quitter pour se rejoindre à nouveau, les parents momentanément réunis précédant Kimiko sur le trottoir, puis la mère se retrouvant larguée à l’arrière.
Réussissant à rendre attachants tous ses personnages (le père, grand enfant plein de bonne volonté), respirant merveilleusement (gracieux et vifs mouvements d’appareils du début dans les rues de Tokyo, rythme ample et splendeur visuelle dans la partie centrale où l’élégante citadine découvre la campagne), Tsuma yo bara no yo ni, film à la grâce musicale, fut placé, par le jury de la revue Kinema Jumpo, en tête de la liste des dix meilleurs films d’une année pourtant riche en chef d’oeuvres.
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