Regarde la mer
Le 6 novembre 2021
Ce très beau récit d’initiation, comédie frôlant le mélodrame, témoigne de l’attention de Naruse à la transformation du paysage urbain de Tokyo au début de années 60.
- Réalisateur : Mikio Naruse
- Acteurs : Kin Sugai, Nobuko Otowa, Kamatari Fujiwara, Yôsuke Natsuki, Daisuke Katō
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h20mn
- Reprise: 10 novembre 2021
- Titre original : Aki tachinu / 秋立ちぬ
- Festival : Histoire des grands studios japonais : 4e volet - La Tôhô, Les 15 ans de la MCJP
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– Année de production : 1960
Résumé : Shigeko, veuve depuis peu, quitte Nagano pour Tokyo où elle confie son fils Hideo à un oncle. Le jeune et timide garçon se sent perdu dans cette grande ville. Il se lie d’amitié avec Junko, la fille de la directrice de l’hôtel où travaille sa mère...
- © 1960 Toho
Critique : Le quatre-vingt-unième film de Naruse (et le quatrième pour la seule année 1960) est un beau récit d’initiation dénué de toute mièvrerie dont le protagoniste est un garçon de douze ans et dans lequel les adultes n’occupent que des rôles secondaires.
Le traitement le plus étonnant est celui réservé au personnage de la mère (Nobuko Otowa), très présent dans les premières séquences, mais qui disparaît sans crier gare de la vie de son fils, et du film par la même occasion, pour suivre un nouvel amant (l’inévitable Daisuke Kato, figure récurrente des films du cinéaste), sans que cet abandon ne suscite beaucoup de commentaires ni n’entraîne de développements mélodramatiques.
Cette façon abrupte d’évacuer un personnage pourtant sympathique et même attachant est bien dans la manière de Naruse chez qui l’effusion n’est pas de mise. (Qu’on songe à la mort du fils dans La mère).
- © 1960 Toho
L’allure générale du film est d’ailleurs celle d’une comédie. La description quelque peu folklorique de l’animation du quartier populaire de Tokyo est pleine de savoureuse vivacité et les touches humoristiques abondent (la famille de marchands de fruits et légumes obligée de manger les invendus périmés, les commentaires du personnel de l’hôtel, la petite fille qui renvoie le taxi en lui disant de présenter la note à sa mère).
Mais l’émotion, toujours présente en arrière-fond, surgit souvent à l’improviste, et la fin en demi-teinte ne surprendra personne.
Le film frappe aussi par son attention à tous les signes de la modernité et le regard quasi documentaire de Naruse sur un paysage urbain en pleine transformation que le cinéaste semble découvrir en même temps que son jeune héros débarqué de sa campagne, et dont l’admirable photographie noir et blanc (et tôhôscope) de Yun Yasumoto fait ressortir la beauté chaotique.
On pense même à Antonioni lors de l’escapade de deux gamins parcourant des kilomètres de friches industrielles et de terrains vagues promis à la construction immobilière pour trouver la vraie mer (et non pas celle, jaune, emprisonnée dans les bassins du port).
Adoptant des dehors modestes Aki tachinu est un film souvent négligé dans l’abondante filmographie de Naruse. C’est pourtant une très belle œuvre, empreinte de mélancolie, et dont les accords émotionnels sonnent juste.
– Sortie au Japon : 1er octobre 1960
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