Le 14 novembre 2021
Grand représentant du néoréalisme japonais, à la manière de son compatriote Yasujirō Ozu, Mikio Naruse signe avec Derniers chrysanthèmes, sorti en 1954, un film mélancolique et sensible. Inédit en France, le long métrage mérite assurément d’être découvert.
- Réalisateur : Mikio Naruse
- Acteurs : Ken Uehara, Haruko Sugimura, Sadako Sawamura, Chikako Hosokawa, Yûko Mochizuki
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h41min
- Reprise: 10 novembre 2021
- Titre original : Bangiku
- Date de sortie : 18 janvier 2006
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– Année de production : 1954
Résumé : Trois anciennes geishas décident de gagner leur vie autrement : la première devient prêteuse d’argent, la deuxième servante dans une auberge, la troisième femme de ménage.
- © 1954 Toho
Critique : Les faubourgs « shitamachi » de Tokyo constituent le cadre du film de Mikio Naruse, cinéaste japonais longtemps méconnu en Europe. Ses longs métrages ont été largement découverts depuis les années 90. A la manière de Yasujirō Ozu, le metteur en scène est le grand illustrateur d’un néoréalisme nippon (le "shomin gekiqui"), privilégiant volontiers la banalité quotidienne, dans laquelle s’immiscent drames et incompréhensions, sans que le jeu des actrices et des acteurs ne leur confère un excès de pathétisme qui, pour le coup, en ferait de pesants mélodrames : ainsi, les larmes d’une mère dont le fils s’apprête à partir sont d’abord suggérées par des reniflements et les soubresauts d’un corps filmé de dos, avant de se mélanger à l’eau d’un seau, destiné au ménage.
L’attention constante que Naruse porte aux femmes dans son cinéma ne se dissémine pas dans une série d’effets dramatiques, elle se déploie à travers une durée des plans qui laisse l’initiative aux comédiens et aux paroles souvent concises. En même temps, comme l’intimisme d’Ozu que Naruse rejoint à bien des égards, la délicate évocation de ces existences malheureuses dit un état de la société japonaise de l’après-guerre : la pauvreté économique sur laquelle capitalise Okin, en vivant de son activité de créancière, semble le prolongement d’un désert affectif qui impacte la société tout entière. Certains personnages en souffrent, d’anciennes geishas ou des hommes jadis aimés, désireux de renouer avec l’héroïne.
Face à eux, Okin se tient comme bien des protagonistes féminins du cinéma de Naruse, à la fois inflexibles et lucides sur leur condition, même si ces deux attributs n’ont pas ôté toute espérance, donc toute possibilité d’être déçue. Mélancolique et sensible, Derniers chrysanthèmes, dont la sortie est inédite en France, distille une émotion indicible à laquelle on ne résiste pas.
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