Life Is Strange - Un véritable film interactif à dévorer !

Noyés dans la masse des rouleaux compresseurs de l’industrie vidéoludique, certaines équipes osent encore la création de poèmes intimistes, contemplatifs et habités... une gageure à l’heure des FPS formatés, sans âme, sortant avec une régularité tellement métronomique qu’elle en devient pire que mercantile. De cette vague orientée "trip indé" émerge Life is Strange, une création subtile, pour certains déstabilisante, chapeautée par le studio français Dontnod Entertainment.

L’argument : La jeune Max Caulfield est une étudiante en photographie qui revient dans sa ville natale, Arcadia Bay, dans l’Oregon. Alors qu’elle vient de découvrir qu’elle possède le pouvoir de remonter dans le temps, elle enquête rapidement sur la disparition d’une adolescente de la ville.
© Dontnod
Notes : Dans notre logique de mise en avant du nivellement entre le jeu vidéo et le cinéma, on évoquait la semaine passée la sortie du superbe Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Mais dans l’ombre des blockbusters vidéoludiques trônent quelques petites perles alternatives... dont certaines sont françaises. Life is Strange est de celles-là ! "Il y avait une volonté de notre part de s’approprier des thèmes plus simples, plus nostalgiques, plus intimistes" explique Raoul Barbet, le coréalisateur du jeu. "On voulait être proche de l’humain, et la manière de filmer du cinéma indépendant nous parlait, avec ses personnages souvent à contre-jour, ses soleils dans le champ, ou son rythme qui n’hésite pas à prendre le temps. On avait clairement en référence des films comme Juno ou Virgin Suicide" confie-t-il à quelques confrères lors de la sortie de l’épisode 1 de cette première saison de Life is Strange, initiée en 2013 juste après le développement de Remember Me. En ces heures d’acoquinement entre le cinéma et les "films interactifs", il est substantiel de rappeler que le studio Dontnod a frôlé la fermeture et qu’il a alors été sauvé, entre autre, par le CNC. Travaillant avec des équipes relativement réduites, Oskar Guilbert, le président de Dontnod explique que "c’est comme le cinéma indépendant par rapport à des blockbusters ". Et si cette façon de faire se ressent dans les moyens techniques mis en œuvre, elle consonne également sur l’approche artistique, qui gagne en ingéniosité ce quelle perd en processus technologique. C’est simple, Arcadia Bay convoque l’ensemble du cinéma américain indépendant de ces dernières années, de l’iconographie citadine de Mud en passant par les champs sauvages ponctuant le superbe Another Day in Paradise de Larry Clark. "C’est un jeu dans lequel on peut profiter du moment, de l’ambiance", résume Michel Koch, seconde coréalisateur des aventures de Max Caulfield . En 2015, trouver un jeu vidéo où l’on peut "profiter du moment" devient une rareté... une rareté précieuse que l’on ne saurait que trop vous conseiller de découvrir !