Le 25 novembre 2022
Le premier long métrage de Tsai Ming-liang contient déjà tout son univers, du thème de l’incommunicabilité aux déambulations muettes au cœur de Taipei. Une œuvre attachante qui est plus qu’une curiosité de cinéphiles.
- Réalisateur : Tsai Ming-liang
- Acteurs : Lee Kang-sheng, Wang Yu-wen, Chen Chao-jung , Miao Tien, Lu Yi-ching
- Genre : Drame, Policier
- Nationalité : Taïwanais
- Distributeur : Films sans Frontières, Splendor Films
- Durée : 1h46mn
- Reprise: 30 novembre 2022
- Titre original : 青少年哪吒, Qing shao nian nuo zha
- Date de sortie : 25 mars 1998
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– Année de production : 1992
– Sortie en version restaurée : 30 novembre 2022
Résumé : Hsiao Kang passe son temps à déambuler dans les rues de Taipei à pied ou en mobylette. Un jour, alors qu’il circule exceptionnellement dans le taxi de son père, il remarque un jeune homme en moto. Ce dernier, agacé par les coups de klaxon de son père, casse le rétroviseur de la voiture. Hsiao Kang le retrouve quelque temps plus tard et le suit.
Critique : Premier long métrage de Tsai Ming-Liang, Les rebelles de dieu néon sortit dans les salles françaises en 1998, soit six ans après sa réalisation. Entre-temps, le réalisateur taïwanais s’était fait connaître avec Vive l’amour et La rivière, films primés et succès critiques, qui connurent une belle carrière dans les circuits art et essai. Et cette décennie avait vu la révélation ou la confirmation du talent de nombreux cinéastes asiatiques, dont Wong Kar-wai, Hou Hsiao-hsien et Zhang Yimou. Avant Les rebelles du dieu néon, Tsai Ming-liang s’était fait la main avec des scénarios, des téléfilms et des mises en scène de pièces de théâtre pour le petit écran. Ce premier long contient déjà tous les éléments de l’univers du réalisateur, maître dans l’art du récit minimaliste mêlant des personnages ayant du mal à communiquer, avec pour cadre la ville de Taipei filmée à l’occasion des déambulation nocturnes des protagonistes. Le film présente ainsi deux figures principales. Hsiao Kang est un jeune étudiant taciturne et introverti, qui connaît des rapports compliqués avec ses parents, surtout son père, un chauffeur de taxi chevronné de la capitale.
- © Splendor Films
Ah-Tze, à peu près du même âge, est un petit délinquant qui vole et revend des consoles de jeu vidéo et trafique des cabines téléphoniques. Ah-Tze a pour ami fidèle Ah-Bing, qui semble encore plus désœuvré ; et noue une relation charnelle avec Ah-Kuei, une jeune fille employée dans une patinoire. À la suite d’un incident automobile, Hsiao Kang décide de se venger d’Ah-Tze, tout en éprouvant une étrange fascination pour le jeune homme et son mode de vie. Ce qui tient lieu de filature urbaine est aussi l’histoire d’un post-adolescent partagé entre le besoin de venger un affront familial et son attirance pour un homme qui n’en fait qu’à sa guise. Hsiao Kang, bien que n’étant pas enquêteur professionnel, rejoint ainsi les détectives voyeurs du cinéma incarnés par James Stewart dans Vertigo ou Michel Serrault dans Mortelle randonnée, toute proportion gardée. Amoureux anonyme et oublié, il est presque aussi pathétique que l’héroïne ignorée (Joan Fontaine) de Lettre d’une inconnue.
- © Splendor Films
Le scénario peut sembler tenir dans un mouchoir de poche, mais est cohérent avec le projet du réalisateur, qui a affirmé : « En fait, dans tous mes films, quand je commence à tourner je n’ai seulement que les deux tiers du scénario. Comme je tourne dans l’ordre du scénario, un plan après l’autre – jamais en prenant une scène au début, puis une scène au milieu etc. – je me laisse toujours un peu de temps avant de trouver la fin de l’histoire. Mais, très souvent, elle arrive toute seule, comme ça après avoir déjà tourné les deux tiers. » Cette narration met aussi en avant de futures constantes du réalisateur, comme l’attirance homosexuelle, ou la présence presque obsessionnelle d’une eau omniprésente. Le style est séduisant, avec ce mélange de ton documentaire et d’ellipses créant une sensation de décalage, sans effets visuels ou sonores, à l’exception du bruit de la circulation automobile et de la musique lancinante bien que discrète. L’œuvre devait également marquer la poursuite de la collaboration entre le réalisateur et l’acteur Lee Kang-sheng, qu’il avait notamment dirigé à la scène, et qui deviendra son interprète fétiche, de Vive l’amour à Days. Voici donc une œuvre attachante qui est bien plus qu’une curiosité pour cinéphiles.
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