Le 26 novembre 2022
Une pépite du cinéma asiatique des années 1990, et l’un des meilleurs films de Tsai Ming-liang, maître de l’incommunicabilité, qui poursuivait ici sa collaboration avec son acteur fétiche Lee Kang-sheng.
- Réalisateur : Tsai Ming-liang
- Acteurs : Lee Kang-sheng, Yang Kuei-Mei, Chen Chao-jung , Lu Yi-ching
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Taïwanais
- Distributeur : Films sans Frontières, Splendor Films
- Durée : 1h59mn
- Reprise: 30 novembre 2022
- Titre original : 愛情萬歲, Aiqing wansui
- Date de sortie : 5 avril 1995
- Festival : Festival de Venise 1994
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : 30 novembre 2022
Résumé : L’histoire de trois personnages : une femme qui vit seule et a désespérément besoin d’être aimée, un jeune homosexuel qui a envie de tomber amoureux et un jeune homme libre comme l’air qui ne recherche ni l’un, ni l’autre.
Critique : Second long métrage de Tsai Ming-liang, Vive l’amour est celui que les Français avaient découvert en premier. Le film avait en effet obtenu le Lion d’or à la Mostra de Venise 1994, ce qui attira l’attention sur ce nouveau réalisateur auréolé d’une réputation prestigieuse. Le cinéaste dirige à nouveau les deux acteurs révélés dans son premier long, Les rebelles du dieu néon. Lee Kang-sheng incarne encore un personnage nommé Hsiao Kang. Même si rien n’indique que Vive l’amour est la suite du film précédent, on peut supposer qu’il s’agit du même jeune homme, notamment du fait qu’il en a les signes distinctifs (inhibition, mystère, orientation sexuelle…). Hsiao Kang est ici un employé de pompes funèbres qui squatte un appartement mis en vente par un agence immobilière, dans le centre de Taipei. L’autre comédien, Chen Chao-jung, endosse explicitement un autre rôle que celui du petit malfrat des Rebelles du dieu néon : il campe l’élégant et beau Ah-Jung, qui va lui aussi occuper, occasionnellement et sans autorisation, le même appartement. Dans celui-ci, il retrouve son amante, Mei Lin (la resplendissante Yang Kuei-mei), qui n’est autre que l’agente immobilière chargée de faire visiter la maison dans le cadre de son activité professionnelle.
- © Splendor Films
Un jeu du chat et de la souris va alors se jouer entre les trois protagonistes, d’autant plus que Hsiao Kang est secrètement amoureux de Ah-jung. La trame narrative fait indiscutablement écho à celle du premier long métrage, mais le scénario y est encore plus dépouillé, avec davantage de silences, d’ellipses et de suggestion. Métaphore de l’isolement des individus, qui ne parviennent pas à voir leurs pairs dans les grands espaces urbains, l’appartement est aussi le lieu de toutes les frustrations, à commencer par celle de Hsiao Kang, caché sous le lit, et s’adonnant au plaisir solitaire lors des ébats des deux amants. Un style à la fois raffiné et austère imprègne alors la mise en scène, au service du thème de l’incommunicabilité cher au cinéaste, qui a déclaré : « ce qui était le plus important pour moi, bien plus que le rapport triangulaire, c’était la solitude des personnages. Ils sont sortis de la foule, et, même s’ils se rencontrent, c’est pour un temps très court. Ils sont fondamentalement seuls et cela me permettait d’explorer prioritairement leurs sentiments intérieurs ».
- © Splendor Films
Le réalisateur évite à cette fin les plans d’ensemble, préférant cerner les personnages et leur environnement immédiat. Cela ne l’empêche pas de recourir au panoramique circulaire sur une ville en travaux, mais c’est pour mieux accentuer par la suite la tristesse d’une jeune femme qu’il filmera longuement lors d’un travelling puis d’un plan fixe. Moins gracieux que le cinéma de Kim Ki-duk, moins formaliste et esthétisant que celui de Hou Hsia-hsien, moins sentimental que la méthode Wong Kar-wai, et moins psychologique que les œuvres d’un Zhang Yimou, l’art de Tsai Ming-liang a sa caractéristique propre, qui n’exclut pas l’érotisme ou l’humour pince-sans-rire. Vive l’amour confirmait l’inspiration d’un grand cinéaste tout en témoignant de la vitalité du cinéma asiatique des années 90.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.