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Notre avis : Après La mère avec Catherine Hiegel, Le père avec Robert Hirsch, l’auteur en vogue Florian Zeller aborde, avec Le fils, le dernier volet de sa trilogie familiale opposant dans un face à face poignant un père (Yvan Attal) responsable et solidement installé dans la vie et son fils (Rod Paradot que l’on a pu découvrir au cinéma face à Catherine Deneuve, dans La tête haute) un adolescent empêtré dans la sienne.
Dans un décor dépouillé, une femme (Anne Consigny au jeu un peu trop lisse) vient au-devant de son ex-mari. Elle a besoin de son aide car elle est dépassée par le comportement de leur fils. Il sèche les cours depuis des mois, ne l’écoute plus et peut même se montrer violent envers elle. Ils décident alors, en accord avec Nicolas, qu’il vivra désormais chez son père, remarié à une jeune femme (Elodie Navarre épatante de sobriété) avec qui il vient d’avoir un bébé. Tout démarre comme un épisode familial banal au sein d’une famille recomposée.
Face à un Rod Paradot criant de vérité, Yvan Attal entoure de toutes les nuances nécessaires cet homme pragmatique sûr de pouvoir trouver une solution à tous les problèmes pourtant dérouté par le mal de vivre de cet enfant qu’il ne connaît pas si bien qu’il le croit. On découvre au fur et à mesure que lui-même n’a pas nourri que des relations idylliques avec son père dont il n’a gardé qu’un seul objet, détail en apparence anecdotique qui se révélera pourtant être le symbole d’une transmission chaotique renouvelée de génération en génération. La complicité entre les deux acteurs ne fait aucun doute. Grâce à eux, la tension se resserre et soutenue par une mise en scène à la précision cinématographique, naît une émotion d’une intensité rarement atteinte au théâtre. Des dialogues succincts et jugés sans doute peu littéraires viennent pourtant appuyer le réalisme indispensable à la dureté du sujet. Suspendu à un dénouement qu’il espère heureux sans y croire totalement, le spectateur s’accroche à ces répliques rapidement élaborées et qui se veulent surtout « utiles ».
La description à peine caricaturale du corps médical qui ne sait offrir que technique et suffisance au désarroi d’une famille ferait sourire si l’on ne pressentait l’imminence d’un drame.
La fin, astucieusement amenée, nous trimbale d’espoir en désespoir pour porter l’émotion à son paroxysme.
Une tragédie de l’adolescence qui touchera droit au cœur tous ceux qui ont eu un jour à batailler avec des jeunes en mal de vivre. Magistral !