Les yeux dans le mur - La chronique BD

Céline, l’étudiante en art à Toulouse, vient faire un stage à Nice chez Edmond, l’artiste reconnu. C’est le début d’un jeu à deux. Un jeu où chacun cherche l’autre. Où chacun essaie de percer la carapace, comme les mystères. Mais les clichés, les vieux réflexes, sont aussi durs que les douleurs sont enfouies. Les masques ne s’enlèvent pas si simplement.

L’autre. Chimère ancestrale. L’une des quêtes majeures de monde des arts. L’autre fut peint, chanté, joué, filmé, écrit sans jamais rien révéler de ses sombres rouages. Et malgré ça, Baudoin et Wagner se lancent à corps perdus dans la tourmente. Entre la troublante stagiaire et l’artiste vieillissant, les échanges sont doux, électriques, passionnés. Communiquer est une épreuve. Se livrer, bien pire. Céline reproche à Edmond de lui avoir fabriqué un costume, avec sa banlieue. Et sa vérité n’est pas là. Pour se comprendre, ces amants magnifiques usent du langage qu’ils maîtrisent le mieux. Celui que composent leurs pinceaux.

Les yeux dans le mur s’inscrit dans la lignée des récits intimistes. Des morceaux de vie qui font œuvre, de ces intenses émotions dont on a besoin de se libérer un peu sur papier. Baudoin entraîne avec lui sa dernière source d’inspiration. Sa plus jeune muse. L’ouvrage se lit ainsi comme ces partitions destinées à être jouées à quatre mains. Les croquis répondent aux esquisses. Les collages aux peintures. Évidemment, le mythe de l’altérité s’échappera. Encore une fois. Ce Graal des âmes à la dérive, qui aurait livré la clé des joies et des peines. De l’amour et de la haine. Pour voguer vers les artistes qui viennent de naître.