Wind River - Taylor Sheridan - critique

Critique : Wind River est le second long métrage de Taylor Sheridan, qui avait réalisé Vile (2011), film d’horreur inédit en France. Il s’était surtout fait connaître comme acteur de télévision (Sons of Anarchy), avant d’écrire les scénarios élaborés de Sicario de Denis Villeneuve et Comancheria de David Mackenzie. Comme ce dernier film, Wind River se situe en milieu amérindien, la précision réaliste et documentaire étant toutefois moins évidente que dans le cinéma de Chloé Zhao (The Rider). Oscillant entre l’enquête criminelle en terrain dangereux et le revenge movie, le film de Sheridan contourne les clichés du genre pour proposer un récit efficace, qui en fait une belle série B d’auteur.

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Loup solitaire faussement taciturne et en marge, Cory menait une morne existence qui se bornait à chasser des coyotes et autres prédateurs. Il trouve avec cette affaire un nouveau sens à sa vie, lui qui semblait avoir du mal à porter le poids d’un passé que l’on devine douloureux. Ce mélange de fragilité et de force intérieures est aussi celui de la policière, mais les sous-entendus amoureux que l’on décèle dès la première partie ne font pas verser ce récit aride sur la pente du sentimentalisme. Surtout, contrairement à de nombreux films réalisés par des scénaristes ou écrivains, Wind River évite la logorrhée de dialogues et la narration sur-écrite, préférant ménager des espaces elliptiques et se focaliser sur le travail filmique, le rapport avec la nature étant au cœur de l’œuvre.

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Et là, le cinéaste compose des plans sublimes (le final dans la neige), magnifiés par le travail du chef opérateur Ben Richardson (Les bêtes du sud sauvage). On remarquera aussi une stupéfiante fusillade qui n’a rien à envier à la virtuosité d’un Sam Peckinpah. On peut donc estimer que son étiquette de « scénariste de » ne doit pas occulter un réel talent de réalisateur. Wind River se distingue enfin par un casting impeccable. Jeremy Renner, jusqu’ici remarqué dans des seconds rôles pour Andrew Dominic, Kathryn Bigelow ou James Gray, ainsi que dans des blockbusters, offre peut-être sa meilleure composition.