Le 18 décembre 2023
Derrière cette histoire de Noël attachante et bourrée de belles ondes, on regrettera un scénario un peu prévisible et une mise en scène trop académique pour rendre aux trois personnages principaux l’épaisseur qu’ils méritent.
- Réalisateur : Alexander Payne
- Acteurs : Paul Giamatti, Carrie Preston, Dominic Sessa, Da’vine Joy Randolph, Michael Provost
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h14mn
- Date télé : 4 décembre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : The Holdovers
- Date de sortie : 13 décembre 2023
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Résumé : Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de première aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.
Critique : Ils sont trois à se retrouver seuls dans un lycée, avec leur solitude, leur passé malheureux et leurs secrets, en pleine période des fêtes de Noël. C’est à peu près le pitch de ce long-métrage attachant, mettant en scène un professeur pervers narcissique, un étudiant esseulé et turbulent, et une cuisinière bien charnue qui a perdu son fils adressé sur le charnier du Vietnam. L’enseignant se transforme à ses dépens en un éducateur attentif aux provocations et au désarroi de son jeune élève, qui ne devrait pas tarder à se faire virer du lycée. Winter Break entre dans la catégorie souvent éprouvée au cinéma des films éducatifs opposant un ou plusieurs étudiants, et un professeur se trouvant une vocation quasi paternelle. Le long-métrage ne brille pas par son originalité, ni dans la forme, ni dans le fond, mais se révèle toutefois, à la veille de nos propres fêtes de fin d’année, un joli morceau d’émotion et de bons sentiments.
- Copyright 2023 FOCUS FEATURES LLC.
Le récit se passe au tout début des années 1970. Alexander Payne n’exploite pas autant qu’il aurait dû l’inventivité de cette période. À la limite, la fiction aurait pu se dérouler à une autre époque sans que cela ne change ni l’esprit ni l’histoire. Il faut d’ailleurs attendre un écran de télévision à la fin du long-métrage pour situer le récit au début de cette décennie, ouvrant sur dix ans d’émancipation, de création artistique et d’entrée des puissances mondiales dans la modernité. Winter Break refuse frontalement toute velléité politique ou sociale, à l’exception de l’allusion à la terrible guerre du Vietnam dont les Américains ne se sont jamais remis. L’intérêt du réalisateur se focalise sur la personnalité de ses trois protagonistes, et plus particulièrement sur la relation entre l’enseignant aigri et le jeune homme en échec scolaire et familial. L’humour se noue au drame avec une grande virtuosité. Pour autant, le scénario a perdu de la nuance, de l’émotion de The Descendants qui, d’une certaine manière, témoignait de la construction d’un lien paternel mis à mal par le passé du héros.
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Alexander Payne ne fait pas un récit de Noël à proprement parler. Les fêtes de fin d’année sont une opportunité à relater la solitude qui étreint les personnages. Nombreuses personnes subissent l’isolement à cette période normalement synonyme de famille, d’amitié et de joie. Leur bonheur à trois se heurte chacun à une forme de deuil, l’une devant accepter la disparition de son fils, le second une paternité avortée et le troisième une parentalité qui ne ressemble pas à ce qu’il aurait attendu. Les comédiens sont très attachants et impliqués. Hélas, les dialogues versent dans une certaine évidence, qui ne permet pas aux acteurs de révéler tout leur talent. La prévisibilité des évènements rompt le charme d’un conte de Noël au service pourtant des œuvres philosophiques de Cicéron ou Marc Aurèle, si nécessaires finalement pour appréhender la folie du monde et lutter contre la tristesse.
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Winter Break se veut un conte sensible contre la dépression et la solitude. Il s’annonce aussi comme le reflet mélancolique d’une société américaine qui ne se départit toujours pas de son échec cuisant sur les terres brûlées du Vietnam.
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