Un pedigree
Le 11 juin 2020
Le plus en vogue et oenophile des cinéastes "indépendants" américains, Alexander Payne, revient accompagné de la star George Clooney dans ce film largement salué par la critique américaine. Qu’en est-il réellement ?
- Réalisateur : Alexander Payne
- Acteurs : Robert Forster, George Clooney, Beau Bridges
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 12 février 2017 20:55
- Chaîne : HD1
- Date de sortie : 25 janvier 2012
- Plus d'informations : Le site du distributeur
Résumé : A Hawaii, la vie d’une famille bascule. Parce que sa femme vient d’être hospitalisée suite à un accident de bateau, Matt King tente maladroitement de se rapprocher de ses deux filles, Scottie, une gamine de dix ans vive et précoce, et Alexandra, une adolescente rebelle de dix-sept ans. Il se demande aussi s’il doit vendre les terres familiales, les dernières plages tropicales vierges des îles, héritées de ses ancêtres hawaiiens...
Critique : Le spectateur moderne est trop malin. C’est devenu un réflexe, presque un instinct pour lui : il se méfie des voix off, surtout quand elles sont flatteuses et rassurantes, teintées d’une juste dose de cynisme. Forcément donc, il se méfie de la voix off de George Clooney, qui nous demande de ne pas croire qu’Hawaï ressemble à un paradis terrestre. Les gens qui habitent là-bas vivent une vie normale, comme tout le monde ! Heureusement que le spectateur moderne est bien informé… car le film s’acharne à montrer exactement le contraire. Le décor de The descendants ferait pâlir d’envie un voyagiste en mal d’illustrations pour ses brochures – heureusement que les habitants ressemblent déjà tous à d’éternels touristes, hormis quelques irréductibles « autochtones » qu’on voit apparaître sporadiquement. Ce n’est pas l’unique contradiction du film d’Alexander Payne, qui réconcilie tous ceux qui ont envie de « faire la paix » : faire la paix avec soi-même, son passé, sa famille, le cinéma… qu’on ne vient pas trop déranger ici. Fauteur de troubles, passez votre chemin ! The descendants est un film essentiellement « gentil », qui ne vise personne et n’atteint par conséquent personne… sauf quand il tire à blanc sur des cibles toutes désignées par les bons sentiments et le sens commun, sans pourtant les travailler en profondeur : le pouvoir corrupteur de l’argent, l’aveuglement d’un homme face à ses responsabilités, et autres thèmes qui n’auraient pas manqué d’intérêt, s’ils avaient réellement été traités par le film.
Ex-héraut du cinéma indépendant américain – tendance œnophile et aigre-douce –, Alexander Payne fait avec The descendants une proposition finalement plutôt molle, y compris en termes de réalisation. A trop vouloir déjouer les clichés, le film s’y enfonce avec satisfaction, mais sans le brio qui avait par exemple pu nous charmer dans Monsieur Schmidt. Le casting n’aide pas ; on découvre un George Clooney mal à l’aise dans la peau de ce personnage insuffisamment « tranché », et qui finit par ressembler au fond de carte postale sur lequel il évolue. Même constat pour ses enfants dans le film, tellement lisses que l’ensemble forme une cellule familiale monoparentale mais idéale, aux problèmes de laquelle on a un peu de mal à croire. Quelques lignes de force positives, toutefois, viennent insuffler une certaine dynamique à The descendants et tirent le film vers son ton rêvé et véritable, celui de la satire sociale : des scènes de dialogue assez drôles et noires, ainsi qu’un portrait au vitriol de la « beaufitude » à l’américaine, assez peu représentée au cinéma, et incarnée dans une famille nombreuse de grands gaillards en chemise hawaïenne. Les gens les plus importants à Hawaï ressemblent « à des clodos ou des cascadeurs », nous prévient le personnage de Clooney. Pour ça, on veut bien le croire.
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christophep 17 décembre 2011
The descendants - Alexander Payne - critique
Comme vous dites la vision d’Hawaï est largement fantasmée, cela me rappelle cette pub louis vuitton avec sean connery au bords de l’eau... c’est beau, mais quel rapport avec la réalité ? Dommage...