Ce qui compte ce n’est pas la taille, c’est l’intelligence du propos !
Le 25 janvier 2021
Alexander Payne n’a jamais été un grand raconteur d’histoires, mais on aurait au moins pu espérer qu’il fasse, à partir d’un concept aussi prometteur, un récit un peu plus élaboré que cette fable dénuée de véritable intrigue.
- Réalisateur : Alexander Payne
- Acteurs : Matt Damon, Christoph Waltz, Hong Chau
- Genre : Comédie, Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 2h15mn
- Date télé : 25 janvier 2021 21:00
- Chaîne : Syfy
- Date de sortie : 10 janvier 2018
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Résumé : Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le « downsizing ». Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours.
Critique : La filmographie d’Alexander Payne, très portée sur le versant le plus rural de l’american way of life, ne laissait pas présager d’y voir un jour figurer un film de pure science-fiction. Et pourtant, c’est exactement ce qu’est Downsizing, qui s’inscrit dans la lignée des nombreux films qui jouent sur les effets de taille pour imaginer des personnages plus petits que les autres. Le tout premier à exploiter cette idée était, en 1957, L’homme qui rétrécit, de Jack Arnold. La variation que Payne fait de ce concept, soixante ans plus tard, n’est cependant pas un film d’aventures, mais une fable politique. En effet, dans son récit, la miniaturisation n’est pas le prétexte à une lutte contre des éléments devenus hostiles de par leur taille supérieure, mais à un discours sur la place destructrice de l’Homme sur Terre.
Payne ne cherche d’ailleurs même pas à concevoir les difficultés inhérentes au fait d’être réduits à la taille de fourmi puisqu’il imagine des villes construites à la taille de ses mini-habitants. En plus d’écarter d’un revers de manche tous les enjeux un tant soit peu réalistes tels que la faune, la flore ou les conditions climatiques, ce concept fait de Downsizing le film le plus urbain d’Alexander Payne depuis son campus movie, L’arriviste, en 2000.
- Copyright 2017 Paramount Pictures
La vraie bonne idée de cette réalisation est d’avoir donné le rôle principal à Matt Damon qui, en s’empâtant un peu, est parfaitement crédible en Monsieur Tout-le-monde. Toute la première partie du long métrage travaille sur la façon dont celui-ci va d’abord entendre parler de cette entreprise qui propose de rétrécir les gens puis se laisser tenter, pour des raisons économiques et donc parfaitement concrètes, par cette expérience surréaliste. Après ce premier tiers presque trop court, le scénario ne semble, en revanche, plus rien à avoir à tirer de son concept. La peinture que Payne fait de la vie quotidienne dans cette mini-ville souffre d’un manque d’idées qui pèse sur un scénario qui fait du surplace pendant plus d’une heure.
Les seuls artifices que le scénario utilise pour alimenter un peu le parcours de cet individu lambda sont le recours à un voisin haut en couleur, incarné par Christoph Waltz, et un début d’histoire d’amour avec une jeune vietnamienne interprétée par Hong Chau. Si le premier reste dans un registre de surjeu qui lui est propre (il paraît que certains spectateurs trouvent ça drôle...), la seconde est un peu plus surprenante, et offre même quelques échanges réellement émouvants. C’est cependant bien trop peu pour compenser l’absence d’enjeux et la frugalité de la trame de cette écriture.
- Copyright 2017 Paramount Pictures
Il faut attendre la dernière demi-heure pour que le scénario en revienne au développement de son point de départ, qu’il avait quelque peu mis de côté au profit d’une variation miniature de la routine quotidienne. Et là, par excès de zèle, le délire New Age, censé alimenter un discours alarmiste sur la menace écologique, devient à tel point verbeux et démonstratif que c’est toute la pertinence du concept qui s’effondre. Après plus de deux heures, on en arrive à un récit qui n’aura rien su apporter de novateur à son postulat pourtant si prometteur. La mise en scène de Payne semble même très frileuse à l’idée d’avoir recours à des effets spéciaux qui jouent sur les échelles de valeur entre personnages normaux et personnages miniatures. Soit dit en passant, si c’est uniquement ce que vous recherchez, autant attendre Ant-man and The Wasp cet été !
- Copyright 2017 Paramount Pictures
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