Le 4 septembre 2007
Une comédie douce amère sur les ambitions déçues forte de dialogues cocasses et d’un casting de haut vol.
Notre avis : La vie d’artiste est un jeu de troupe, la rencontre de comédiens cocasses et exquis, au physique drôlement singulier pour beaucoup et à la personnalité attachante, qui se croisent lors de trois récits d’ambitions déçues. Trois histoires dans lesquelles premiers et seconds rôles se côtoient dans la bonne humeur générale.
Pour son premier long dans l’air du temps - donc forcement choral -, Marc Filoussi a choisi le ton de la comédie pour aborder des déceptions aigres. Bien lui en a pris. Les dialogues finement écrits sont drôles et savoureux et les situations sont irrésistibles, comme lorsque Kiberlain - ici une actrice aigrie et par conséquent cassante de la répartie - décide de payer un passant pour qu’il lui demande un autographe en vue d’impressionner lors d’un casting ; l’humiliation sera cruelle.
Jamais critique envers ses personnages même quand ces loosers sont tentés par la malhonnêteté (Podalydès est prêt à voler le script de l’un de ses élèves et à le faire publier à son nom), le cinéaste se gausse plutôt gentiment de cette troupe d’éternels rêveurs immatures qui briguent inlassablement la célébrité. Leur impuissance à devenir et à être (comédienne, chanteuse et écrivain) ne leur saute pas aux yeux, alors que le facteur chance (Kiberlain est victime d’une poisse indécrottable) et le manque de talent (Podalydes n’est qu’un écrivaillon sans style) jouent imperturbablement contre eux.
Néanmoins, Filoussi se refuse à en faire des figures tragiques. Chacun des trois ambitieux jouit d’une existence plutôt confortable. Kiberlain vit dans l’aisance que son boulot de doubleuse de mangas lui assure (appart de rêve, salaire prospère) ; Podalydes est un prof de lycée bien casé en amour qui vit pépère au milieu de bouquins, quant à Emilie Dequenne, trop jeune pour profiter de tout cela ; elle pourrait trouver sa voie en se fixant un but plus réaliste que la Star Ac.
Comme ses deux aînés, elle est incapable de voir le bonheur qui est à sa porte (ou du moins de l’autre côté du palier, sous les traits d’un charmant voisin) et est obsédée par la réussite dans un monde médiatique au parisianisme irritant et artificiel. L’occasion pour le réalisateur de casser au passage, gentiment mais sûrement, les jeux de télé réalité, les starlettes de cinéma un peu pimbêches, les acteurs de seconde zone qui se la jouent, les agents cyniques, les chanteurs ringards prêts à s’avilir toujours plus en sortant des musiques honteuses afin de choper le tube de l’été... Tout ce microcosme d’artifices qui fait jalouser le monde en lui exhibant un rêve qu’il ne pourra jamais effleurer.
Une critique pétillante, pleine de couleurs et de fantaisies à laquelle le cinéaste a apporté son savoir-faire artisanal et une réalisation picturale savamment composée qui refuse de se regarder le nombril. En cette grande rentrée du cinéma français, le public devrait lui donner raison.
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