Le 7 juin 2005
Des dizaines de livres empilés à portée d’envie ? Une question de survie !
Des dizaines de livres empilés à portée d’envie ? Une question de survie !
En attaquant hier un épais roman - Malavita, de Tonino Benacquista - qui attendait depuis des mois sous de nombreux autres à côté de mon lit, et alors que j’aurais été bien incapable d’expliquer pourquoi celui-là, ce jour-là, j’ai soudain pris conscience du rôle de ladite pile dans ma vie. Parce qu’on pourrait se demander à quoi ça rime, tous ces bouquins accumulés au hasard de leur arrivée ou de leur abandon, et que j’interdis à quiconque de déplacer malgré la poussière qu’ils attirent et le désordre qu’ils imposent. Cette pile, je m’en rends compte, est un élément vital de mon équilibre. C’est une issue de secours, une réserve toujours entretenue de surprises, d’émotions, de voyages en papier, un univers à portée de main. C’est simple, quand la pile baisse, j’ai l’impression que le monde se réduit d’autant, que l’horizon est soudain moins ouvert, moins propice à la rêverie. A ce maux, un seul remède : courir chez le libraire faire le plein de mots.
Pourtant, dans cette pile, ne s’entassent pas que les livres désirés, suspendus dans un « entre-mondes » sensuel jusqu’à ce que mon humeur, mes activités, le rythme de mon cœur, que sais-je ?, me portent vers eux. On trouve aussi les rejetés, ceux que je n’ai pu ou su lire. Ceux-là, je les garde toujours auprès de moi assez longtemps pour que quelque chose, un jour, me donne l’élan de les rouvrir, de les redécouvrir, de les aimer peut-être... J’ai vécu cette belle aventure avec un roman qui est devenu depuis l’un de mes favoris ; il s’agissait de Nous sommes éternels, de Pierrette Fleutiaux, et je jurerais que ce rendez-vous en deux temps a donné plus de puissance encore à mon enthousiasme lorsque, pour quelque raison mystérieuse, ma véritable rencontre avec ce sublime récit d’une passion impossible a finalement eu lieu.
C’est depuis cet épisode, je crois, que je ne range plus jamais un livre quand, au premier abord, il m’a résisté.
Pierrette Fleutiaux, Nous sommes éternels, Folio, 1992, 943 pages, 10 €
Prix Femina 1990
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