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Le 18 février 2004
Mario Rigoni Stern revient sur ses années de guerre pour inscrire, en creux de la tragédie, un vibrant plaidoyer pour la paix.
A la lumière de l’Histoire, Mario Rigoni Stern revient sur ses années de guerre pour inscrire, en creux de la tragédie, un vibrant plaidoyer pour la paix.
Il a toujours vécu là-haut, sur le plateau d’Asagio, au nord de la Vénétie. Toujours, excepté un intermède de six ans qui a fait basculer sa vie : la guerre. Depuis 1952 et la parution en Italie du Sergent dans la neige [1], il écrit sans relâche. Écrivain de la trace, Mario Rigoni Stern ne cesse de puiser dans sa mémoire pour témoigner de la terrible odyssée dont il a été l’un des rares rescapés et, second volet de son inspiration, pour raconter son pays de montagnes auquel il est indéfectiblement attaché. Temps de paix et temps de guerre, hommes et nature intimement liés dans une œuvre bien loin de toute fiction. Ses récits et nouvelles - des classiques en Italie où on le dit nobelisable - ne parlent que de vrais gens. Avec de vrais mots. Sobres et lapidaires. D’une poésie rocailleuse, toute montagneuse. Et d’une extraordinaire compassion. Toujours chez lui l’humain prend le dessus, même dans les situations les plus inhumaines.
On pouvait imaginer que Rigoni Stern avait tout dit sur la guerre, sa guerre. Il y revient pourtant à l’âge de quatre-vingt-deux ans. À l’heure des bilans, le questionnement se fait lancinant : comment, à l’instar de tant d’autres jeunes gens de sa génération, a-t-il été grugé par la propagande mussolinienne ? pourquoi a-t-il mis tant de temps à réaliser qu’il avait été insidieusement formaté ? qu’est-ce qui, enfin, est parvenu à lui ouvrir les yeux ? Cette recherche forme le substrat de ce livre qu’on peut penser "définitif", tant il va creuser plus loin que ses récits précédents. Rigoni Stern y adopte une forme nouvelle, en éclairant son histoire personnelle d’une analyse de l’Histoire telle qu’elle se déroulait alors, mais à son insu puisque tout n’était qu’endoctrinement, l’habituel matraquage mensonger des dictatures qu’il observe d’un œil implacable.
Il faudra du temps au jeune Mario, lecteur de Dante, de Verne et de Conrad, pour prendre conscience des égarements de son pays. C’est l’aventure qu’il avait choisie en s’engageant dans les chasseurs alpins par amour du ski et de l’escalade. C’est la tragédie qu’il rencontrera entre France, Albanie, Grèce et Russie où le mèneront les campagnes de son régiment. "L’apprentissage de l’amour de la patrie avait été trop long et trop poussé" pour qu’il s’indigne d’emblée qu’un gouvernement envoie à la mort la fine fleur de sa jeunesse - sans presque aucune préparation et dans des conditions d’épouvantable gabegie. Mais le malaise est là, tapi, jusqu’au jour où, au cours d’une partie de cartes, celle qui donne son titre au récit, l’évidence aveuglante se met en travers de son chemin de soldat obéissant. Rien ne peut venir à bout d’un peuple qui lutte pour sa liberté, toutes les conquêtes sont vouées à l’échec. Malheur à celui qui l’oubliera. Reste au survivant à témoigner encore et encore, à dire inlassablement un pacifisme forgé à la pire des écoles, celle de "la guerre la plus horrible que les étoiles aient vu depuis qu’elle existent". À s’adresser, au-delà de l’amertume et de la tristesse, à la jeunesse d’aujourd’hui, afin que, peut-être...
Mario Rigoni Stern, La dernière partie de cartes (traduit de l’italien par Marie-Hélène Angelini), La Fosse aux Ours, 2003, 136 pages, 16 €
[1] Editions 10/18
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