L’Etrange Festival 2013 : l’empire des sensations fortes

Près de 10 jours de curiosités, d’œuvres extrêmes, pour s’affranchir du joug des conventions et des contingences terrestres. Bienvenue à la 19e édition de l’Etrange...

Dix-neuvième édition de l’Etrange... Cela ne rajeunit pas les apôtres du mauvais genre qui ont suivi cette manifestation d’abord estivale et parigo-parisienne depuis ses débuts. La manifestation dédiée aux curiosités cinématographiques et artistiques dans leur ensemble n’a eu de cesse de grossir et, cette année encore, ressemble de plus en plus à une grosse machine de par l’importance de la sélection (des titres communs avec Deauville, comme Snowpiercer, des grosses avant-premières comme le nouveau Dupontel, ou le nouveau Quentin Dupieux avec Marilyn Manson...), mais qui malgré tout refuse le système et la récupération ! Ici, on ne vend pas son âme au diable, mais on exhibe le Malin sous toutes les coutures.
Cette année encore, l’équipe de choc tiendra résidence au Forum des Images du 5 au 15 septembre, avec son lot de masterclasses improbables, de rencontres avec des bimbos issues de l’antichambre du bis (notamment l’ex James Bond girl Caroline Munro, vu aussi dans Maniac, mais aussi dans le Star Wars rital, Starcrash, chapeau !), ses hommages aux êtres les plus déjantés de l’art déviant. Divine, l’égérie de John Waters, qui osa la fellation sur le personnage de son fils, en live, dans Pink Flamingos, et mangea des excréments de chien dans le même film, tout aussi en direct, pour montrer qu’elle était le personnage le plus abject sur terre, aura le droit à sa nuit.
Sérieusement atteint, le panel de films proposé cette année nous sort sa troupe de zombies, ses psychopathes crasseux, ses névroses inavouables, nous invite dans un musée du phallus, à courir les séries B coréennes hargneuses, nous fera côtoyer la lange des esprits tordus, avec une forte dose de X eighties, cul choc et chic, de documentaires révoltés. Des loups garous, des cannibales et une ode aux VHS. La divine infamie hante les couloirs de cette manifestation profondément bisseuse où le faux mauvais esprit est contagieux, dans sa convivialité et la disponibilité de ses protagonistes.
L’Etrange révèle surtout des œuvres vénéneuses, parfois splendides, à l’originalité et à la radicalité exaltante, qui redonnent envie de croire dans le cinéma, que l’on nous sert 11 mois sur 12 comme formaté sur nos écrans. La rareté des fantasmes filmiques projetés à l’occasion rendent chaque projection toujours émouvante, la pépite est à portée de main et pourrait ne plus jamais être rediffusée sur grand écran .
Bref, une manifestation désormais ouverte à l’international, tant dans le public cosmopolite, que dans les guests présents, toujours plus nombreux, et évidemment la programmation qui sert de socle à une compétition qui nous trimbale sur tous les continents. Elle fait désormais corps avec l’âme parisienne, reconnue par l’intelligentsia locale comme nécessaire à l’équilibre mental de spectateurs qui ont dû, pendant tout un été, se taper la promo murale des Schtroumpfs 2 et autre Monstres Académie. Bienvenue donc dans un monde parallèle, souvent interdit aux moins de 16 ans, où il ne faut pas avoir peur de rire du mauvais sans être méprisant, et être caressé à rebrousse-poil. Et comme l’on dit souvent, Là où cela fait mal, on peut y trouver beaucoup de plaisir.
Les films sélectionnés ICI

Divine, dans Pink Flamingos, de John Waters, 1972

Les films sélectionnés ICI

Le programme ICI

Jour 1
– Big bad Wolf
– The Agent
– Blue ruin
– Found
– The Final Member
– Murder Party

L’Etrange Festival, Forum des Images, Paris - du 5 au 15 septembre 2013