Jour J . T.18 . Opération Charlemagne - La chronique BD

Résumé :
En 1943, la France a choisi depuis quelques années la voie du fascisme, imitant l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou encore l’Allemagne. L’Angleterre est donc devenue l’ennemie, mais certains français exilés continuent de résister, espérant déjouer la prochaine attaque qui frappera Londres, l’Opération Charlemagne.

La critique :
Une fois n’est pas coutume, la série Jour J propose la suite d’un des tomes. Le scénariste Maza, présent sur le tome 14, reprend du service et propose de compléter l’histoire de Oméga, où en 1942 les ligues d’extrême droite européennes achèvent de se liguer contre la Grande-Bretagne. Ne vous y trompez pas, l’Opération Charlemagne est, comme Oméga, une histoire indépendante, mais elle formera avec le tome 14 et un album à venir (Le Crépuscule des Damnés) un triptyque sombre et révélateur des maux de notre société actuelle. Du point de vue de l’originalité de l’uchronie, ce style d’écriture où l’auteur part du principe qu’un événement historique a eu une autre fin, Opération Charlemagne n’est pas le plus innovant de la série. Toutefois, il se rattrape rapidement du côté de l’action, avec un savant mélange d’espionnage, de combats aériens, de romance, d’intrigues politiques et d’évasion.

Sans se presser, le scénario se dévoile lentement au fil de l’histoire. Des espions américains sont là pour rappeler que les États-Unis ont mis (et hésité) longtemps avant d’intervenir lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est Pierre Mendès-France qui tient le rôle du résistant exilé à Londres, De Gaulle étant devenu un général efficace que le gouvernement Laval préfère envoyer en Asie du Sud-Est... Mais ces français, pilotes experts et espions courageux, sont forcés comme leurs pendants de la réalité d’employer des méthodes douloureuses et terroristes. Si le héros Léo Berger et la comtesse intrépide Annabelle forment un duo efficace, on notera l’attention particulière donnée au commissaire Laffont ou encore le braconnier Braco, des personnages du côté sombre qui apportent une profondeur à l’intrigue.

Côté graphique, Duval et Pécau sont comme d’habitude précis dans la reconstitution, fidèle à l’époque et à l’ambiance recherchée. On se dit qu’ils pourraient quasiment illustrer les prochains manuels scolaires, de part leurs connaissances et leurs rendus des documents historiques. Et tout cela contribue à créer une atmosphère qui marche : l’espace d’un album, on croit à ce que nous raconte le trio, on se prend à imaginer quelle aurait été la vie sous la dictature fasciste qui aurait réussi son coup d’état en 1934. Opération Charlemagne est donc un album à lire pour ce qu’il apporte à la fiction et à notre réalité, un album pas vraiment époustouflant mais réellement bluffant.