Portrait d’une enfant déchue
Le 26 décembre 2020
Portée par son duo de comédiens en état de grâce, cette nouvelle mouture évoquant avec faste Les Hauts de Hurlevent de William Wyler est tout bonnement l’adaptation la plus réussie à ce jour du grand classique de Charlotte Brontë.


- Réalisateur : Cary Fukunaga
- Acteurs : Jamie Bell, Judi Dench, Sally Hawkins, Michael Fassbender, Mia Wasikowska , Imogen Poots
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Jane Eyre
- Date de sortie : 25 juillet 2012
Résumé : Jane Eyre est engagée comme gouvernante de la petite Adèle chez le riche Edward Rochester. Cet homme ombrageux ne tarde pas à être sensible aux charmes de la jeune fille. C’est le début d’une folle passion...
Critique : Une jeune femme ouvre la porte donnant sur le monde immense qui s’offre enfin à elle. D’abord hésitante, elle accélère le pas, avant de s’enfuir à grandes enjambées à travers la lande déserte, où le vent siffle dans la bruyère. Résistant tant bien que mal aux bourrasques, elle est recueillie in extremis par le révérend St-John Rivers (Jamie Bell, le Tintin de Spielberg). Jusque-là, sa vie d’orpheline ne se résumait qu’à ces trois mots : abandon, souffrance et solitude... Dès le prologue, il paraît en effet bien difficile de ne pas songer aux Hauts de Hurlevent dont l’adaptation cinématographique la plus réussie de l’unique roman éponyme d’Emily Brontë remonte à 1939, magnifiée par la mise en scène du très grand William Wyler.
Pour ce qui est de l’aînée des sœurs Brontë, il aura fallu patienter jusqu’à maintenant pour supplanter les différentes versions trop académiques, parmi lesquelles figurent celle assez terne et sans grande inspiration de Stevenson (avec l’ogre Orson Welles et la très Rebecca Joan Fontaine) et de Zeffirelli (déjà à l’origine de la transposition de plusieurs œuvres de Shakespeare). Cary Fukunaga, lequel était attendu au tournant après le génial et prometteur Sin nombre, a su admirablement capter la substance même du livre. Quoi de plus ingénieux de sa part que de contourner la linéarité du récit en amorçant la narration aux trois quarts de l’histoire tragique de Jane Eyre, correspondant au début de la troisième et dernière partie du roman. C’est à ce moment précis que pour la toute première fois de sa jeune existence, elle prend son destin en main (s’empressant de le faire si bien remarquer à St-John : "C’est la première maison où je ne suis pas dépendante ni subordonnée.") ; laquelle coïncide avec son départ précipité du manoir de Thornfield, résidence de l’énigmatique Edward Rochester...
Virtuose de la mise en scène, encore fallait-il que Fukunaga s’entoure de comédiens hors-pair capables de relever le défi. C’est chose faite grâce à deux des acteurs les plus doués de leur génération, Mia Wasikowska et Michael Fassbender, qui parviennent à donner corps à leur personnage et à exprimer toute la palette des sentiments qui les habitent. Du même acabit que le meilleur de James Ivory ou plus récemment Bright Star de Jane Campion, Jane Eyre s’inscrit dans la plus pure tradition des films en costumes ayant pour cadre le romantisme de l’Angleterre du XIXe siècle. Quant à Cary Fukunaga, tout comme Jeff Nichols (Take shelter), il s’impose dès son second opus comme l’un des jeunes cinéastes incontournables du moment. Tout simplement grandiose !
roger w 13 septembre 2012
Jane Eyre - la critique
Alors que le roman d’origine a souvent été maltraité par le cinéma, cette nouvelle version de Jane Eyre s’impose comme l’une des meilleures par ses qualités plastiques, mais aussi par la fidélité à l’oeuvre, même si les scénaristes ont pris quelques libertés avec la narration. Du bel ouvrage.
Terrence Baelen 11 décembre 2012
Jane Eyre - la critique
La photo est belle et l’interprétation des comédiens est délicate. Mais la mise en scène se retrouve en dents de scie, jouant avec la dureté des situations, mais plongeant parfois subitement dans un romantisme mièvre et risible.