Snif
Le 11 mai 2013
Superbe plastiquement, Bright Star n’en demeure pas moins froid sur le plan émotionnel.
- Réalisateur : Jane Campion
- Acteurs : Kerry Fox, Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider , Thomas Brodie-Sangster, Adrian Schiller
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : 1h59mn
- Date de sortie : 6 janvier 2010
- Festival : Festival de Cannes 2009
Superbe plastiquement, Bright Star n’en demeure pas moins froid sur le plan émotionnel.
L’argument : Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny Brawne entament une liaison amoureuse secrète.
Pourtant, les premiers contacts entre les deux jeunes gens sont assez froids.
John trouve que Fanny est une jeune fille élégante mais trop effrontée, et elle-même n’est pas du tout impressionnée par la littérature.
C’est la maladie du jeune frère de John qui va les rapprocher. Keats est touché par les efforts que déploie Fanny pour les aider, et il accepte de lui enseigner la poésie.
Lorsque la mère de Fanny et le meilleur ami de Keats, Brown, réalisent l’attachement que se portent les deux jeunes gens, il est trop tard pour les arrêter. Emportés par l’intensité de leurs sentiments, les deux amoureux sont irrémédiablement liés et découvrent sensations et sentiments inconnus. " J’ai l’impression de me dissoudre ", écrira Keats. Ensemble, ils partagent chaque jour davantage une obsédante passion romantique qui résiste aux obstacles de plus en plus nombreux. La maladie de Keats va pourtant tout remettre en cause...
Notre avis : Depuis La leçon de piano, Palme d’Or en 1993, nous savons que Jane Campion est douée pour la création d’ambiance et la reconstitution d’époque. Dans Bright Star, qui retrace la malheureuse histoire d’amour du poète John Keats avec sa voisine, la cinéaste nous fait une fois de plus partager son goût du détail. Les costumes du XIXème siècle sont magnifiques, de l’employée de maison à l’aristocrate, de l’adolescent à la jeune fille en fleur. De même les décors sont parfaits ; le spectateur situe immédiatement les origines sociales relativement aisées de l’héroïne et de sa famille. Le scénario, quant à lui, tient parfaitement la route. Tous les éléments annonciateurs du drame à venir sont distillés au fil du récit. Les relations entre les personnages se construisent progressivement et l’on comprend bien les sentiments, dès le départ équivoques, des principaux protagonistes. Quant aux acteurs, ils sont bons et bien filmés. Tellement bien que leurs visages restent lisses en permanence ; qu’ils sourient ou se fâchent, leurs figures restent impeccables. On remarquera particulièrement l’interprétation de Kerry Fox (Intimité de Patrice Chéreau), en mère de l’héroïne, plus touchante (un peu plus vraie) que les deux amoureux - son personnage étant plus dans la demi-mesure et faisant plus de concession.
- © Greig Fraser
Bref, Bright Star se tient. Mais... Où est le problème me direz-vous ? S’il n’y a rien à redire d’un point de vue technique et esthétique, l’émotion est absente. Le nouveau long métrage de Jane Campion est une jolie fable sur l’amour unique et absolu, intense. Alors où sont la passion, la fougue, le désespoir ? L’époque demandait certes une certaine pondération des sentiments extérieurs et n’autorisait pas les effusions extraordinaires (pas en public en tout cas). Bright Star évoque avant tout un amour violent, voire destructeur, ne supportant la distance et la séparation. Or, à l’exception de quelques larmes discrètement versées dans un coin de mouchoir, on ne peut vraiment pas dire que les sentiments soient très prégnants. Pourtant, les poèmes de John Keats à l’attention de sa bien-aimée expriment avec force de conviction la violence de ses sentiments à son égard. La mise en scène très propre se retrouve ainsi en décalage avec le propos.
- © Greig Fraser
Bright Star a ainsi le mérite de faire découvrir la poésie de John Keats aux spectateurs qui ne la connaîtrait pas. Pour cet artiste qui donnait des cours de poésie afin de partager et transmettre sa passion à autrui, l’idée est belle ; son esprit est donc bien présent. Pour ce qui est de la délicatesse et de la force de ses émotions dans ses vers, on repassera.
- © Pathé Distribution
Galerie Photos
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Norman06 30 décembre 2009
Bright star - La critique
Bright Star a ce côté un peu lisse de maintes productions anglaises étouffées par le poids des costumes et décors reconstitués. Il manque à la fois de folie et de lyrisme, la perfection technique et professionnelle glaçant quelque peu un récit passionnant sur le papier. Certes, la photographie est splendide et Jane Campion est une filmeuse admirable, usant d’un montage élégant et ne forçant jamais le trait dans sa volonté de cerner blessures et joies des protagonistes. Mais eu égard sa personnalité artistique, c’était le minimum que l’on attendait. De là à évoquer un « Barry Lyndon du pauvre », comme l’ont osé certains festivaliers aigris, il n’y a qu’un pas que nous n’oserons franchir, et le temps donnera peut-être de la patine à ce drame romanesque.
Futureproof 7 janvier 2010
Bright star - La critique
Je crois que j’ai rarement été aussi en désaccord avec une critique de film. Qualifier ce film d’émotionnellement froid est quelques chose qui me dépasse.
Certes les émotions sont contenues (et encore, vous deviez sûrement dormir dans la dernière demi-heure du film qui a apporté son lot de larmes), mais cela touche beaucoup plus que des effusions aussi ridicules qu’elles semblent tout sauf naturelles telles qu’on en voit dans de nombreux films aujourd’hui.
Et ce n’est sans doute pas les spectateurs présents lors de la même séance que moi qui vous contrediront : tout le monde sans exception est sorti en silence et avec les yeux rougis, et c’est bien la première fois que je vois ça...
Frédéric de Vençay 9 janvier 2010
Bright star - La critique
Un beau film d’amour par une spécialiste du genre. Jane Campion, l’une des rares femmes de la profession à être reconnue comme grande cinéaste (quel fait regrettable !), fait preuve d’une délicatesse toute féminine dans ce récit classique, toujours à la limite de l’académisme corseté, mais sans jamais y tomber. Bright Star est porté par la beauté absolue de sa mise en scène, son attention portée à chaque détail et ses deux comédiens en état de grâce (Abbie Cornish et Ben Whishaw). Quoiqu’un peu longuet parfois, le film a le mérite de traiter à longueur de bobine des grands sentiments amoureux sans faire preuve une demi-seconde de mièvrerie, et de nous faire redécouvrir la précieuse poésie d’un des plus grands auteurs romantiques anglais.
’Boo’Radley 7 février 2010
Bright star - La critique
On a reproché à Jane Campion ses préoccupations stylistiques et son apparente froideur. C’est pourtant dans cette tentation de l’esthétisme que résident précisément le frémissement intérieur et la complexité de son art. Film d’introspection dans un récit romanesque, "Bright Star" est pure beauté.
Jean-Patrick Géraud 15 janvier 2011
Bright star - La critique
Jane Campion ne se contente pas de retracer une histoire d’amour romanesque, où l’émotion s’installe subtilement. Bright Star est avant tout une expérience esthétique très forte, située à la croisée de la danse, de la peinture et de la poésie -remarquables scènes de lecture, très loin de l’académisme pompeux auquel on aurait pu s’attendre. Le film travaille avec brio ces formes d’expression pour livrer une vision personnelle, donc fragmentaire, de la vie du poète. Qu’apprend-on réellement sur John Keats ? Pas grand chose, en définitive. C’est surtout le regard porté par son héroïne qui intéresse Jane Campion. La cinéaste délaisse les codes du biopic pour s’intéresser à quelque chose de plus grave, de plus universel, qui a trait au geste artistique. Brillant.