Mourir peut attendre - Cary Joji Fukunaga - critique

Critique : James est amoureux. Il roucoule avec sa dulcinée dans un écrin de vieilles pierres et de montagnes au cœur de l’Italie. Mais on sait déjà que le repos est toujours de courte durée chez le célèbre agent secret britannique qui se complexifie avec l’âge, mais ne perd pas un gramme de sa toute-puissance. Il résiste à toutes les explosions, les chutes les plus invraisemblables, le faisant passer du statut d’espion aventurier à super-héros.

Copyright 2021 DANJAQ, LLC AND MGM. ALL RIGHTS RESERVED.

Mourir peut attendre arrive sur les écrans après des mois d’attente à cause de la Covid-19. L’attente est importante, d’autant que des scènes ont été rejouées pour que les objets connectés concordent avec l’actualité commerciale du moment. Mais, en réalité, malgré le rabattage médiatique outrancier dont le film bénéficie, le résultat est à l’inverse des espoirs qu’il a générés. La réalisation choisit de multiplier les effets spéciaux, d’en rajouter dans la démesure des décors et des courses-poursuites, au point que le propos devient une ode écœurante à la surenchère des moyens financiers. Mais le scénario, lui, ne s’est pas calé sur cette démonstration d’investissements économiques. Le récit s’enlise dans des dialogues à n’en plus finir, qui, non seulement impactent le rythme, mais en plus obscurcissent la narration déjà difficile à suivre.

Copyright 2021 DANJAQ, LLC AND MGM. ALL RIGHTS RESERVED.

Mais pourquoi, diable, faire des films si longs ? Une grande partie de l’œuvre aurait mérité d’être coupée au montage. Le réalisateur complexifie son récit qui, finalement, se résume à une simple opposition du bien et du mal. Le spectre de la guerre biologique, sujet hautement d’actualité, s’égare dans un simplisme stupéfiant, où se mêlent un scientifique grotesque, une sorte de faux fou et un tueur aux allures de personnage de film d’horreur. Même le générique de début, si attendu dans chaque opus de James Bond, a perdu de la verve des longs-métrages qui précédaient. Bref, l’ennui l’emporte, d’autant que la mise en scène hésite entre le style burlesque et la tragédie classique. L’amour est mis au ban d’un conflit géopolitique dont James Bond doit se tirer en revêtant la figure théâtrale du héros dévoué.

Copyright 2021 DANJAQ, LLC AND MGM. ALL RIGHTS RESERVED.

Bref, Mourir peut attendre ne marquera l’histoire des James Bond. Le film annonce la fin du règne de Daniel Craig dans son interprétation du célèbre espion. On espère, nous, que si une suite est donnée à ce mauvais numéro, le choix d’un nouveau comédien s’accompagnera d’un regain d’inventivité. Toutefois, ce qui sauve assurément ce morceau de bravoure policière, c’est la place accordée aux femmes. Elles deviennent celles par lesquelles la réussite s’établit, elles prennent peu à peu le rôle réservé traditionnellement aux hommes, laissant supposer que le futur de James Bond sera peut-être une femme noire, résolument intelligente et charismatique.