L’ivre de sa mère
Le 24 novembre 2004
Tendresse et douleur mêlées dans un récit à la fois intime et d’une infinie pudeur.
- Auteur : Daniel Arsand
- Editeur : Stock
- Genre : Roman & fiction
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Dessinés à hauteur d’enfant, la carte confuse des apprentissages de la vie et le portrait en creux d’une mère adorée ; tendresse et douleur mêlées dans un récit à la fois intime et d’une infinie pudeur.
Sans doute a-t-il fallu que Daniel Arsand forge à partir de Lily [1], sa mère, un personnage de roman pour qu’enfin il s’en estime digne... Ivresses du fils se situe avant cet apaisement, ce dénouement au sens le plus littéral que seule l’écriture rend possible.
Dans ce texte bref de la collection "Ecrivins" dirigée chez Stock par Philippe Claudel, Daniel Arsand montre plus qu’il ne raconte le lien profond entre ses ivresses précoces et une difficulté tenace à "savoir être" : un enfant aussi éloquent et courageux qu’il se rêve, un fils à la hauteur des espoirs qu’il croit devoir susciter, et plus tard un homme véritablement aimant quand le souvenir écrasant du couple parental lié par un sentiment discret mais puissant n’est jamais loin.
C’est que le petit Daniel est en proie à maints tiraillements. Prompt au vagabondage intérieur, doué d’une imagination exubérante, il connaît des réveils d’autant plus violents qu’il apprend très tôt les vertiges de la boisson. A chaque douleur et chaque tentative d’évasion est associé un cru, sa couleur, ses arômes. Le vin lui permet d’échapper un temps à sa frustration "d’homme malheureux", ainsi qu’il se décrit lui-même, qui désire ses amants mais ne parvient pas à les aimer, jamais. Le vin, encore, maintient, tant que durent les plongées avides, l’illusion de la présence de la mère. Or Lily meurt jeune des suites d’une maladie dont le fils éternel n’a conservé aucune image.
La souffrance, le manque, le mal être sont embusqués derrière chaque mot, confèrent aux saouleries des accents à la fois tragiques et dérisoires ; car rien n’y fait : l’auteur a beau tenter de se réinventer en absorbant ce délicieux poison qu’est le vin, quand l’ivresse passe, ne restent que le goût amer de la mère perdue, les relents acides d’une enfance à vif.
Daniel Arsand, Ivresses du fils, Stock, coll. "Ecrivins", 2004, 98 pages, 10 €
[1] Lily est paru chez Phébus en 2002
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