Le 5 novembre 2019


- Dessinateur : Jean-Marie Michaud
- Genre : Adaptation
- Editeur : Hozhoni
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 24 octobre 2019
Cette œuvre fleuve est ici mise en image par Jean-Marie Michaud. Le dessinateur s’est basé sur l’adaptation de Jean-Claude Carrière, version forcément raccourcie car l’écrivain a choisi de n’adapter qu’en partie ce texte de plus de deux cent mille vers. Cette BD massive de plus de quatre cent pages sera votre premier pas dans le plus long poème du monde.
Résumé : Le Mahâbhârata nous entraîne au cœur de la plus grande épopée indienne de tous les temps. La lutte de deux familles de Dieux, les Pandavas et les Kauravas. Ce récit mythologique n’est pas qu’histoire de guerre et d’aventure, il comporte les textes fondateurs de la culture indienne.
Nous n’avons pas lu le poème original et nous ne pourrons baser notre regard sur l’adaptation du récit initial. Mais nous pourrons parler du souffle qui traverse cette BD.
L’histoire racontée ici est complètement immersive, on est entraîné dans un flot majestueux à la suite des personnages. L’incroyable narration fonctionne à merveille. En effet, Le conteur Vyasa est lui-même lié à l’histoire et y prend part, ou est pris à parti par les héros de l’épopée. L’enfant qui l’écoute et pose des questions permet des aller-retours entre le conteur et le poème mais cela est trompeur, puisqu’ils font eux-mêmes partie de l’histoire qu’il raconte. L’association et la présence de Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, qui note ce que raconte Vyasa indique que déjà le conteur a sa place dans les mythes des dieux, tout comme son conte.
Jean-Claude Michaud /EDITIONS HOZHONI
A la lecture, tout en étant emporté, on sent qu’il nous manque de nombreux éléments, éléments de réflexion, de philosophie, de religion... Ce manque transpire de l’histoire magique, qui nous fait comprendre que tous les morceaux ne sont pas là. Mais comment adapter un récit dix fois plus long que L’Iliade en une BD de quatre cent pages sans perdre des pièces du puzzle ?
Rassurez-vous, le plaisir de la lecture l’emporte sur la frustration de ne pas en avoir assez. Et finalement, le fait d’en vouloir plus n’est-il pas un point positif ? Si le récit nous emmène aussi loin et donne soif de plus encore, c’est par la force narrative du poème, remanié par Jean-claude Carrière mais c’est aussi par le graphisme de Jean-Marie Michaud.
Jean-Claude Michaud /EDITIONS HOZHONI
Les dessins sont puissants. Le trait simple pose les personnages et l’on se retrouve aisément ne fut-ce qu’avec les visages parmi toute cette cohorte de héros et de méchants. Challenge difficile à tenir. Le dynamisme de la composition, la mise en scène de certains moments dont on devine le dénouement sont des régals. La grande scène de bataille mettant aux prises les deux armées de millions d’hommes, avec l’intervention des Dieux est fascinante. Les choix de représentation moderne d’idées antiques, comme les armes des Dieux, fonctionnent magnifiquement bien.
Les couleurs, maintenues, à part certains passages, dans des teintes tirant sur le gris, posent une ambiance particulière, rejetant dans le passé l’histoire qui se déroule sous nos yeux.
Le Mahâbhârata, si vous n’avez pas encore lu les quelques deux cent cinquante mille vers du poème original, est une œuvre à dévorer. Un pas dans la mythologie indienne, avec ses dieux, ses tragédies, ses vengeances, sa magie, ses malédictions, ses amours. Un régal à lire et à relire sans modération ! Un avant-goût qui vous donnera envie d’y revenir, et pourquoi pas d’aller lire le poème fondateur qu’est le Mahâbhârata.
440 pages – 35€