Fleurs en Suspens - La chronique BD

Mudan est arrivé en France il y deux mois et s’est installé à Montmartre, l’effet Amélie Poulain sans doute. Elle rencontre Sakura, une jeune Japonaise qui vient s’installer dans l’appartement voisin et Adrien, qui habite en face. Choc de trois cultures : Chine, Japon et France ! Mais Yao Wei prend le parti de mettre tout ce récit en scène de manière simple et épurée. Gêne, regards embarrassés, découverte d’un pays, incompréhension. Les excès de Sakura équilibrent la timidité de Mudan. Le fait de ne jamais percevoir les pensées d’Adrien lui conservent tout son mystère.
Montmartre flamboie sous le style de Yao Wei, mélange de crayonné, de peinture, de texture qui donne à ses décors une patte unique.
Les bulles, à cause de cette fausse simplicité du monde autour du trio, sont parfois difficile à lire, perdues dans les couleurs pointillistes de l’auteure. Les personnages sont esquissés, et du coup se marient très bien avec les décors, créant ainsi une atmosphère originale.
Et si le drame n’est jamais loin, l’humour est toujours présent, humour visuel quand l’auteur représente la gêne de ces personnages en les dessinant en chaton.

Le livre se conclut sur un cahier, « les astuces de Tiu ». Tiu est une jeune fille à cornes de cerfs – ça arrive - qui va distiller ses bons conseils à tout chinois voulant tenter l’aventure Parisienne. Bien sûr, ses astuces s’axent beaucoup sur Montmartre, le quartier même où l’auteure a vécu lors de son séjour en France.
Si Yao Wei s’est beaucoup inspirée de sa période française, les personnages n’en restent pas moins fictifs.
Et ce cahier graphique d’astuces enchaîne avec une courte interview de l’auteure.

Oui, on pourrait reprocher à Fleurs en Suspens de se finir sur une ouverture laissant présager une nouvelle histoire alors qu’il n’y aura pas – jamais - de suite. Mais c’est le principe de ses tranches de vie, on entre par la petite porte après que l’action commence et on en repart par le même chemin avant que l’action se conclut. Il s’est passé des choses avant notre arrivée et il s’en passera après. Ce doux chemin qu’on parcourt avec Mudan, Sakura et Adrien, sont des instantanés saisis comme des Fleurs en suspens, faisant tout le sens de l’œuvre.