Le 27 septembre 2008
- Festival : Festival de San Sebastian 2008
Jaime Rosales a transformé le 56e festival de San Sebastian en foire d’empoigne. Son troisième long métrage, Tiro en la Cabeza (A bout portant) revient sur les événements du 1er décembre 2007 - l’assassinat de deux policiers espagnols à Capbreton, en France, par des membres de l’ETA -, alors que l’organisation séparatiste basque ensanglantait à nouveau le pays avec des actes terroristes les 20 et 21 septembre. Montré du doigt par ses concitoyens, le réalisateur reste droit dans ses bottes : « J’ai voulu montrer qu’il n’y a rien de plus absurde que de nous entretuer pour une raison idéologique, c’est un film sur l’absurdité de la violence », a déclaré Jaime Rosales aux médias.
Tiro en la Cabeza est certainement le film le plus militant du cinéaste qui, dans La Soledad, dépeignait déjà avec acuité les attentats dont Madrid avait été la cible. Il se radicalise aujourd’hui, en poussant le langage cinématographique à sa limite (le métrage a entièrement été tourné au téléobjectif comme un documentaire animalier) et choisit un sujet épineux (on compte sur les doigts d’une main les films espagnols qui traitent de l’ETA). Si l’exercice est hiératique, la scène du double meurtre fait l’effet d’une déflagration émotionnelle. Avec Tiro en la Cabeza, Rosales prouve qu’il a l’étoffe d’un Costa Gavras formaliste mais jusqu’au-boutiste, et ouvre ainsi la voie à un cinéma politique qui manque dans la péninsule ibérique.
Cette 56e édition aura souvent servi de tribune aux cinématographies mondiales. La simple présence de Samira Makhmalbaf tenait ainsi du miracle, le tournage de The two-legged horse ayant été la cible d’extrémistes. Et c’est avec la même morgue de combattant que Laila’s Birthday du Palestinien Rashid Masharawi est arrivé sur les écrans. On y suit 24 heures de la vie d’un chauffeur de taxi entre des attentats à la bombe et la folie légaliste qui semble s’être abattue sur la bande de Gaza.
Esthétiquement, la sélection officielle et, dans l’ensemble tout le festival, auront montré une tenue et une ambition salutaires. Pourtant, chaque long métrage a cette particularité de s’organiser autour d’une séquence forte puis, de décroitre en intensité. Que dire de la scène d’ouverture époustouflante de Laila.. où le protagoniste se réveille d’un cauchemar, et erre dans son appartement, devenu sous l’influence de riffs de guitare, le terrain d’un cinéma lynchien ? S’y impose de soi un cinéaste d’avenir...
Lire aussi notre premier aperçu du 56e Festival de San Sebastian
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