Le 23 septembre 2008
- Réalisateurs : Michael Winterbottom - Terence Davies
- Plus d'informations : Le site du festival
- Festival : Festival de San Sebastian 2008
Retour au bercail pour Terence Davies & Michael Winterbottom.
Retour au bercail pour Terence Davies & Michael Winterbottom.
Pour les cinéastes Terence Davies et Michael Winterbottom, c’est un retour aux sources. En présentant « Of Time and the City » pour le premier et « Genova » pour le second au 56e Festival de San Sebastian (Espagne), ils livrent deux odes urbaines aussi dissemblables que surprenantes. Au même moment, les réalisateurs anglais ont investi deux villes qu’ils connaissent sur le bout des doigts : Liverpool, le bastion de jeunesse de Davies qu’il quitta en 1973, et Gênes où l’art consommé du documentaire et de l’invective politique de Winterbottom a trouvé ses marques. En 2001, ce dernier décidait de partir pour la ville italienne avec un collectif de trente réalisateurs pour couvrir les violents évènements du G8 (la répression des manifestations les 20 et 21 juillet). Michael Winterbottom en reviendra changé du tout au tout. A partir de cette date, ses films flirtent ouvertement avec des sujets d’actualité polémiques, préférant - semble-t-il - une narration proche du reportage au cinéma d’auteur. Genova inverse cette tendance.
La Gênes qu’il filme aujourd’hui n’est pas la cité qui mettait à genoux les altermondialistes. C’est une ville raffinée que le personnage de Barbara (Catherine Keener) fait découvrir à Joe (Colin Firth) et à ses deux filles Kelly (Willa Holland) et Mary (Perla Haney-Jardine, la gamine de « Kill Bill 1 et 2 »). A la fois visite guidée et départ de zéro d’une famille américaine meurtrie par le décès de leur mère, « Genova » ressemble à une adaptation de « Bonjour Tristesse » de Françoise Sagan. On y retrouve les mêmes incartades amoureuses d’un père et d’une adolescente qui découvre son pouvoir de séduction sur fond de plage ensoleillée. Le montage final du film gomme tout ce qui rapprochait « Genova » du documentaire, notamment les scènes de front de mer que le cinéaste avait tournées avec une équipe réduite pour saisir l’ambiance surchauffée et sensuelle de l’été. « Genova » illustre ainsi une tendance des Anglo-saxons en voyage et de leurs « Tours » en Europe depuis le 19e siècle : ne jamais se fondre dans la culture d’une nation mais, l’acclimater en chez-soi dépaysant.
S’il est aussi fondé sur cette dramaturgie urbaine, « Of Time and the City » de Terence Davies opte pour un sujet de proximité. Artiste cultivant la discrétion (son œuvre, débutée en 1976, ne comprend que trois courts métrages et cinq longs), il est de la génération de Ken Loach mais, ne bénéficie pas de son aura, malgré l’assise sociale de son travail. C’est donc à dessein que le festival présente « Of Time and the City » assortie d’une rétrospective idoine.
De l’aveu des producteurs, le dernier film de Davies est « un long poème visuel ». C’est aussi le plus radical et le plus personnel : sa voix off commente ainsi des archives où défilent les mutations urbaines, sociales et humaines de Liverpool. Derrière ce documentaire commandé par la municipalité anglaise pour l’opération « Capitale culturelle » se cache évidemment une autobiographie de Terence Davies. Tout comme derrière l’apposition de ce dernier et de Michael Winterbottom en sélection officielle, on peut débusquer une histoire du cinéma anglais sur les trente dernières années : loin de la comédie sentimentale ou de l’ode aux petites gens, ils incarnent un cinéma géographique que l’on voit peu ailleurs.
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