Les corps impatients
Le 9 mars 2006
A voir absolument pour le segment miraculeux et hypersensible de Wong Kar-wai.
- Réalisateurs : Steven Soderbergh - Wong Kar-wai - Michelangelo Antonioni
- Acteurs : Gong Li, Robert Downey Jr., Chen Chang, Christopher Buchholz, Alan Arkin, Ele Keats, Regina Nemni
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Italien
- Editeur vidéo : Aventi
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– Durée : 1h46mn
Un triple programme indispensable malgré l’indigence des morceaux Soderbergh/Antonioni - heureusement, La main miraculeuse et hypersensible de Wong Kar-wai est un trésor de sensualité.
L’argument : Variations en trois parties sur l’érotisme et le désir par trois maîtres du cinéma contemporain : Michelangelo Antonioni avec Le périlleux enchaînement des choses, Steven Soderbergh avec Equilibre et Wong Kar-Wai avec La main.
Notre avis : Un désir ardent, vorace, une angoisse amoureuse et tremblante, une addiction et un combustible. Les différents visages d’Eros se promènent dans ce programme très particulier, présentant trois moyens métrages signés par autant de grands metteurs en scène contemporains, de l’Italie (Michelangelo Antonioni) aux Etats-Unis (Steven Soderbergh), en passant par Hong Kong (Wong Kar-wai). Dommage cependant que ces différents masques passionnés, ces flèches d’or, ne se concentrent que chez un de ces cinéastes. Tout d’abord un regret : l’absence de Pedro Almodovar, initialement prévu au programme, et finalement remplacé par Soderbergh. L’Espagnol, qui a signé, pendant ce temps, son sommet d’érotisme à lui (La mauvaise éducation), laisse sur le bas-côté un Soderbergh qui autocaricature ses productions les plus fumeuses (Full frontal, Ocean’s twelve) dans un Equilibre minable et quasi hors sujet. Déception également du côte d’Antonioni, dont la lente agonie explose à l’écran dans son Enchaînement des choses plus indigent que périlleux.
La coupe d’or, la myrrhe et l’ambroisie sont plutôt à chercher du côté d’un homme qui, par le passé, s’est déjà montré habile dans l’art de capter quelques ombres ferventes, dans son univers de soupirants déchus où la déception sentimentale fracasse ses os fragiles contre les désirs volcaniques et furieux. Poursuivant le trait esthétique d’un 2046, son joyau désormais débarrassé de ses bourdonnements cannois, Wong Kar-wai signe un fabuleux poème entre une courtisane (Gong Li, bouleversante) et son tailleur - ou plus précisément autour d’une main. Celle qui entoure finement la taille de la jeune femme pour en prendre les mesures, celle qui se glisse entre les cuisses du garçon jusqu’à l’exaltation épidermique, celle, enfin, qui s’enfonce dans la robe vide, fantôme de déraison et emprise érotique jusqu’à l’hallucination. La participation de Wong Kar-wai est, certes, le seul intérêt de ce programme, mais la beauté ivre et surnaturelle de son film justifie à elle seule le déplacement.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Parmi les rares bonus proposés, une interview de Wong Kar-wai (de sept minutes et non neuf comme annoncé) durant laquelle il explique les raisons de sa participation à ce projet. Extrait : "Pour moi, Eros n’est pas que le sexe, ce n’est pas seulement une sensation. Je pense qu’Eros est presque comme une saveur. C’est impossible à décrire mais on la ressent. C’est presque comme ce plat japonais, le sashimi. Quand il est bon, ça chatouille la gorge." On aurait aimé également avoir le sentiment de Steven Soderbergh et Michelangelo Antonioni. Egalement disponible, un portrait captivant de l’artiste Lorenzo Mattotti intitulé Le triomphe de la couleur. Sur Eros, il était l’auteur des liaisons artistiques situées entre chaque segment.
Image & son : Une édition à la hauteur des ambitions du projet : définition précise, fluidité dans les récits et contraste renversant (surtout chez Soderbergh). Impression de perfection aussi concernant les pistes sonores (Dolby Digital 5.1 recommandé) qui adaptent une excellente spatialisation des effets en fonction des histoires.
Galerie photos
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