Bip-bip !
Le 18 mars 2024
Un Soderberg mineur mais drôle et maîtrisé de bout en bout !


- Réalisateur : Steven Soderbergh
- Acteurs : Matt Damon, Melanie Lynskey, Scott Bakula, Joel McHale , Tom Smothers
- Genre : Comédie, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h47mn
- Titre original : The Informant!
- Date de sortie : 30 septembre 2009

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Résumé : Quelle mouche a donc piqué Mark Whitacre ? Pourquoi l’un des cadres supérieurs les plus brillants du géant agroalimentaire Archer Daniel Midlands (ADM) décide-t-il soudain de dénoncer les pratiques de sa société et de devenir le chevalier blanc du consommateur ? Se prend-il pour un justicier ? Un héros ? Espère-t-il une médaille ou la reconnaissance éternelle du bon peuple ? Avant d’obtenir tout cela, Whitacre va devoir fournir au FBI des preuves concrètes des manœuvres illicites d’ADM. Porter un micro, jouer les agents secrets... L’ennui, c’est qu’il a tiré lui-même des profits non négligeables des dites manœuvres, et que son témoignage, pour le moins... fluctuant, risque fort de compromettre le travail des enquêteurs. Peut-on se fier à cet homme à l’imagination galopante ? Y a-t-il la moindre parcelle de vérité dans ses allégations ?
Critique : Soderbergh est un cinéaste prolifique : après les deux volets du Che en 2008, 2009 accueille deux long-métrages du réalisateur palmé d’Or avec Sexe, mensonges et vidéo. The Informant ! sort trois mois à peine après Girlfriend Experience et ne lui ressemble en rien : le second, intimiste et éthéré, évoque le microcosme huppé new-yorkais quand le premier traite avec dérision de l’espionnage industriel et des missions du FBI. Le personnage principal de cette nouvelle fiction, interprété par Matt Damon, est un homme ordinaire qui n’a pas, a priori, le profil du héros ou du malfrat d’ailleurs. L’homme, propre sur lui et souriant, est d’emblée sympathique. Malgré la méfiance grandissante à son égard - ses intentions se révèlent progressivement moins louables qu’elles n’y paraissent - il n’est pas possible de lui en vouloir complètement ou de le mépriser. On découvre, stupéfait, que les ficelles de l’entourloupe et de la manipulation ne sont pas toujours tirées par celui que l’on croit : il devient agent secret pour le FBI et se baptise modestement 0014 « parce qu’il est deux fois plus malin que 007 » !
- © Warner Bros. France
La dérision, dominante dans ce long-métrage, est largement soutenue par le score parfaitement décalé et à-propos de Marvin Hamlich (Oscar de la meilleure musique pour Nos plus belles années de Sidney Pollack). Elle contribue à donner le ton et fait de la fraude sujet à rire. Ce qui pourrait être grave (détournement de fonds) est présenté comme un gigantesque champ de foire où personne ne sait plus qui est le chat et qui est le souris. Soderbergh n’est pas loin de l’atmosphère des Looney Toons ! Des titres indiquant les lieux fréquentés par les personnages apparaissent dans des caractères excentriques, aux couleurs vives qui ne sont pas sans rappeler une tendance d’un certain cinéma bis et situe en permanence The Informant ! comme une œuvre qui ne se prend pas au sérieux.
- © Warner Bros. France
En réalisant une comédie sur un thème par essence complexe, Steven Soderbergh réussit là où, quelques mois plus tôt, Tony Gilroy embrouillait l’esprit du spectateur avec ses intrigues multiples dans Duplicity. La légèreté justifie les situations complètement abracadabrantes, soutenues par des dialogues savoureux et par les pensées intimes particulièrement cocasses du personnage de Matt Damon. Le cinéaste ne se renouvelle pas vraiment avec The Informant ! qui tend plus à ressembler à un Ocean’s 14 qu’à une innovation visuelle et thématique mais il procure, comme toujours, un bonheur tout à fait appréciable, l’exploitation maximale du scénario permettant une surprise de tous les instants.