Duplicity - la critique

Un divertissement au scénario ambitieux qui n’arrive pas à convaincre totalement le spectateur, dépassé par les rebondissements alambiqués et les répétitions narratives.

L’argument : L’officier de la CIA Claire Stenwick et l’agent des services secrets britanniques Ray Koval ont quitté leurs fonctions gouvernementales pour le monde bien plus lucratif des affaires où une véritable guerre froide sévit entre deux multinationales. Leur mission ? Obtenir le premier la formule d’un produit qui rapportera une fortune à son entreprise mère.
Pour leurs employeurs - le titan des affaires Howard Tully et l’arrogant chef d’entreprise Dick Garsik - rien n’est hors limite. À mesure que les enjeux s’élèvent, que le mystère s’épaissit et que les coups deviennent de plus en plus sournois, le secret le plus complexe à élucider s’avère être l’attraction grandissante que Claire et Ray ressentent l’un pour l’autre. Alors qu’ils essaient de toujours garder une longueur d’avance, ces deux carriéristes solitaires trouvent leurs plans compromis par la seule donnée qu’ils ne parviennent pas à contrôler : l’amour.

Notre avis : Duplicity démarre sur les chapeaux de roue : nous retrouvons Julia et Clive dans une chambre d’hôtel ! La première a drogué le second pour lui voler des documents confidentiels. Ainsi débute la relation tumultueuse de nos deux héros. Mais attention, cette séquence n’est qu’un prémice de la véritable scène d’introduction où deux hommes d’affaire se battent sur le tarmac d’un aéroport. Filmée au ralenti, cette séquence est très drôle. La fierté et la dignité des deux hommes en prend un coup au vu de leurs maladresses pointées par des gros plans peu flatteurs. Mais ils restent malgré tout des géants de l’industrie pharmaceutique prêts à tout pour dominer le marché. Leur opposition initiale présente et résume à elle-seule le reste du film. C’est là que se situe le génie de Tony Gilroy capable de synthétiser une narration complexe en quelques minutes. C’est aussi sa faiblesse car après une telle scène, le reste du film apparaît convenu et attendu.

© Universal Pictures

A ce manque de surprises, s’ajoute une chronologie déconstruite qui ne facilite pas la compréhension de l’histoire de contre-espionnage, déjà alambiquée. La redondance du scénario et de la mise en scène sont véritablement les points faibles de ce métrage qui aborde de front la corruption et l’espionnage industriel. A chaque retournement de situation, s’ensuit invariablement un retour en arrière présentant la situation telle que la vit chaque personnage. Le spectateur est constamment guidé et ne peut donc donner libre cours à son imagination. Ainsi, aucun mystère ne persiste au sortir de Duplicity. Si cela dénote un véritable travail scénaristique, un sentiment d’étouffement peut rapidement s’installer, tant le cinéaste crée des liens forts avec son public qu’il souhaite accompagner tout au long du récit.

© Universal Pictures

Par ailleurs, comme nous l’avions déjà remarqué dans Closer, entre adultes consentants de Mike Nichols, l’alchimie entre Julia Roberts et Clive Owen est patente. Le couple qu’ils forment est tout à fait crédible et attachant. Mais hélas aussi, très franchement agaçant dans la surenchère de baisers qu’ils échangent. Chaque flashback (et ils sont nombreux) commençant par leurs retrouvailles, l’expression de leurs sentiments est répétitive et n’apporte plus d’éclairage sur le doute constant qui règne entre eux.
Ralenti par un souci constant d’explicitations détaillées sur un thème - la corruption - où le doute et le mensonge sont rois, Duplicity est néanmoins un film à suspens ambitieux permettant de passer un moment agréable.

Le poster américain

© Universal Pictures