Allemagne, année zéro
Le 5 janvier 2024
Suspense dans le Berlin d’après-guerre. Soderbergh fait mouche en noir et blanc.
- Réalisateur : Steven Soderbergh
- Acteurs : Tobey Maguire, Cate Blanchett, George Clooney, Tony Curran, Beau Bridges, Christian Oliver
- Genre : Thriller, Historique, Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 14 février 2007
- Festival : Festival de Berlin 2007
Résumé : 1945. L’Allemagne se relève à peine de la défaite. Le nazisme n’est plus et Berlin souffre de faim et de honte sous la domination américaine et soviétique. Dépêché pour couvrir l’après-guerre, le journaliste Jake Geismer (George Clooney) met son nez dans un guêpier pas possible dont Lena (Cate Blanchett), son ancienne maîtresse, est l’enjeu. Fric, crime et politique : ça sent mauvais tout ça...
Critique : En compétition au 57e Festival de Berlin, The Good German remet en mémoire les heures les plus sombres de la ville allemande. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, elle n’est plus qu’une zone sous influence américaine, soviétique, britannique et française : des ruines dans lesquelles les superpuissances construisent "le monde de demain". C’est de cette tension politique que Soderbergh tire le fil rouge de son film. L’écartèlement urbain est aussi celui de Lena (Cate Blanchett), tiraillée entre le journaliste Jake Geismer (George Clooney) ; Tully (Tobey Maguire), un soldat américain qui profite du marasme ambiant pour se remplir les poches ; et un fantôme de mari, Emil (Christian Oliver), supposément disparu sous les décombres berlinois. The Good German cultive sciemment sa ressemblance avec Le troisième homme, de Carol Reed, et se profile dans la droite ligne des films que Hollywood a consacrés au conflit mondial.
Soderbergh opte ainsi pour le noir et blanc, bâtit le personnage dramatique de Lena sur la Dietrich des Billy Wilder (Témoin à charge) et tisse son suspense post-guerre mondiale de noirceur humaine. « On ne sort jamais vraiment de Berlin », lance Lena à Geismer : mise au pas, l’Allemagne peut-elle vraiment racheter son âme ? Berlin est le tombeau de l’honneur d’outre-Rhin, un piège à rats où la compromission et les arrangements avec la réalité signent au bas des traités de paix.
Film politique et moral, The Good German confronte l’Occident au tribunal du cinéma en mettant en regard la fiction et les images d’archives avec une rare intelligence de montage. Un procédé dont Clooney usait avec maestria dans Good Night and Good Luck. Entre Soderbergh et lui, il y a de l’influence.
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marcadet 19 février 2007
The Good German - Steven Soderbergh - critique
Un peu lent comme film à mon goût, de belles images certes mais on s’ennuie rapidement.
Norman06 22 avril 2009
The Good German - Steven Soderbergh - critique
Ereintée par une certaine critique institutionnelle, cette œuvre intelligente et flamboyante est un hommage réussi à l’âge d’or de Hollywood. Superbement filmé dans un noir et blanc somptueux, c’est aussi une réflexion sur une période charnière de notre histoire. Un jalon de plus dans la carrière prolifique de Soderbergh.
amagnan 15 juin 2020
The Good German - Steven Soderbergh - critique
Le choc est brutal et total.
Cette œuvre vous traverse et vous transforme.
D’abord la matière de l’image qui coupe le souffle, blanc de fourrure et noir de pierre précieuse.
La scène de l’assassinat est un coup de génie.
Au milieu d’une fête épaisse et idiote la dernière possibilité de retrouver notre humanité, une vérité, une justice est piétinée. L’ânonnement idiot de la fanfare devient insupportable.
Le personnage de Lena est un déchirement. Monstre et martyre. Et l’on se met à comprendre.
Comprendre que l’on est tous ce monstre, que l’on est tous ce martyre.