Dora Doll : mort d’un visage familier de l’écran

Dora Doll a traversé plusieurs décennies de cinéma français, qu’elle a marqué de sa gouaille, passant avec aisance des emplois de jeune femme sexy à ceux de vieille dame truculente, avec un amour du métier et un talent qui n’ont jamais failli. Formée par Louis Jouvet, qui lui permit d’obtenir des apparitions dans Entrée des artistes ou Hôtel du Nord, Dora Doll a surtout connu une prolifique carrière d’actrice de second rôle, qui se prolongea bien après l’apparition de la Nouvelle Vague. Elle a aussi été la vedette de drames, comédies et bandes policières des années 1950, donnant la réplique à Eddie Constantine ou Yves Deniaud. Il s’agissait souvent d’œuvres mineures, mais dans lesquelles son jeu était toujours impeccable. C’est dans des rôles de composition qu’elle a côtoyé quelques-uns des meilleurs réalisateurs du cinéma français. Elle incarna ainsi Lola, maîtresse de Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi (1954) de Jacques Becker, Rosa la Rose dans Elena et les hommes (1956) de Jean Renoir, l’adjudante dans Calmos (1976) de Bertrand Blier, la voisine d’Isabelle Huppert dans Violette Nozière (1978) de Claude Chabrol, la religieuse en chef dans Coup de tête (1979) de Jean-Jacques Annaud, ou l’aubergiste dans La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola. On l’a également vue dans des films de Chenal, Guitry, Vecchiali ou Tavernier. Son dernier rôle au cinéma avait été dans Jacquou le Croquant (2007) de Laurent Boutonnat. La comédienne a par ailleurs joué dans des films étrangers, tel Le Bal des maudits (1958) d’Edward Dmytryk, et a eu une prolifique carrière à la télévision (Les Hommes de Rose, Maigret). Dora Doll avait été mariée à l’acteur Raymond Pellegrin puis au chanteur François Deguelt.