Eden retrouvé
Le 10 juin 2005
Le disque de la maturité pour les frères Gallagher, désormais plus artisans qu’arrogants.
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Y aurait-il des armes de destruction massive planquées dans le nouveau Oasis ? "Ne pas croire la vérité", nous répond Noel Gallagher avec un accent faussement bushien. Au programme de cette nouvelle déclaration de guerre : à la fois un come back d’Oasis sur son terrain de prédilection (l’énergie et la mélodie) et quelque chose de plus latent, comme les prémices d’une aube nouvelle pour le groupe. Avec un disque de pop brute taillé dans le bois des Anciens, Oasis nous la joue plus artisan qu’arrogant.
Sur une pente sacrément savonneuse après avoir embrassé les sommets,Oasis a manqué plusieurs fois de succomber : départs de membres fondateurs, fins de tournées chaotiques et disques en panne sèche. On en était à se demander s’ils n’allaient pas se mettre au blues pour pleurer leur descente dans le pire enfer qui soit : l’oubli. Ce nouvel effort, plus resserré et concis que ses prédécesseurs, développe et peaufine la formule ébauchée dans le précédent Heathen chemistry. Soit une écriture décomplexée, éclatée entre les quatre membres du groupe. Autre bonne nouvelle : Oasis se la joue profil bas et élude la compétition avec la nouvelle scène rock avec des morceaux humbles, dépouillés des oripeaux brit pop et alignés comme une série de bon vieux simples 60’s. L’urgence des débuts s’est peut-être évanouie mais après un examen attentif et approfondi, les quelques pépites et bombes disséminées ici et là se laissent deviner : l’entêtant Love like a bomb pourrait bien devenir le nouvel hymne du groupe tandis que le naïf et enjoué The importance of being idle s’impose déjà comme un des meilleurs morceaux pop qu’ait accouché la plume de Noel Gallagher.
Pour une fois, chaque morceau s’intègre parfaitement à la dynamique du disque et les emprunts manifestes (on retrouve pêle-mêle des citations des Stones, du Velvet, de Lennon, des Kinks) sont surtout prétextes à la création d’excellents morceaux : Mucky fingers n’en finit plus de tourner qu’on se demande si ce ne sont pas ces "doigts crasseux" qui ont enfanté le I’m waiting for the man du Velvet Underground plutôt que l’inverse. Plus loin, A bell will ring retrouve la passion charnelle du And your bird can sing des Beatles et prolonge le plaisir psychédélique lennonien. Clameur de renaissance et d’accomplissement ("All will be brand new", chante Liam Gallagher), le morceau s’étire à l’infini pour se poser sur le pont suspendu Let there be love, véritable joyau virginal dont la mélodie n’a rien à envier à un Let it be. Quand les dernières notes s’envolent, on a un peu l’impression de sortir d’un rêve éveillé.
Avec ce disque, Oasis vient de se trouver un nouvel eden musical, espace de création et de liberté expurgé de toute contrainte commerciale (le groupe a récemment décidé de ne pas renouveler de contrat discographique). Gageons que cet ailleurs où réside maintenant la vérité du groupe soit la promesse d’une suite féconde.
Don’t believe the truth - Oasis (Big Brother/Sony)
Tracklisting :
1 Turn up the sun
2 Mucky fingers
3 Lyla
4 Love like a bomb
5 The importance of being idle
6 The meaning of soul
7 Guess God thinks I’m Abel
8 Part of the queue
9 Keep the dream alive
10 A bell will ring
11 Let there be love
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